one more time (romy)

boom boom, boom boom, c'est le bruit de ton coeur qui s'affole mais qui se radoucit doucement. tes yeux sont clos alors que ton corps est dangereusement las. après le plaisir charnel, il te fait quelques secondes de récupération, quelques secondes où tu fermes les yeux et ne penses tout simplement à rien. absolument rien. cependant, dans le lit, ça bouge, ça bouge juste à côté de toi. ça te sort de tes pensées, ça te fait bouger, ça te fait revenir à toi pendant que ton coeur se calme. tu la regardes la brune, tu la regardes, tu l'observes alors qu'elle bouge, qu'elle ne tient pas en place. t'as envie de lui dire d'arrêter de bouger comme ça, t'as envie de la bloquer, qu'elle arrête et qu'elle te laisse savourer encore quelques instants mais pourtant, aucun mot ne sort de tes lèvres, elle restent closes ces dernières, comme si tu savais ce qui allait se passer. comme toujours, comme à chaque fois, ça devient une habitude pour toi, pour vous, et pourtant, t'es toujours là. tu reviens toujours, c'est presque masochiste, tout ça, presque parce que tu le sais qu'au fond, tu n'es pas sain, tu n'es pas serein, t'es fou, t'es vicieux et peut-être que t'apprécies. tu chasses ses pensées malsaines quand tu portes de nouveau ton regard sur elle. tu croises son regard, tu sens sa fougue, sa rage, sa haine et tout ce mélange que tu ne comprendras jamais. normal, elle ne te l'a jamais expliqué, elle ne t'a jamais parlé de tous ces sentiments qui s'emmêlent à elle et pourtant tu les vois. tu les perçois, mais tu ne demandes pas. est-ce que tu veux réellement savoir ? là est la question. alors tu ne dis rien là-dessus. je vais partir. que tu dis simplement. tu ne lui demandes pas la permission, ni rien. tu l'informes juste, tu sais qu'elle va crier, qu'elle va peut-être même frapper parce qu'elle est comme ça romy. elle est violente, elle est fougueuse. mais elle ne fait pas l'poids contre toi, elle doit le savoir, mais ça ne l'arrête pas, elle continue, elle ne se'arrête pas jusqu'à ce que tu l'arrêtes. que tu la stoppes. alors tu bouges doucement de dessous les draps, tu remets lentement ton boxer avant de t’asseoir au bord du lit. t'as pas envie de partir tout de suite, t'as besoin qu'elle crise avant, t'as besoin qu'elle s'énerve, qu'elle s'exprime.

tu t'abandonnes. tu t'abandonnes à bendo, tu lui donnes tout ton corps, toute ton âme et toi, t'oublies tout. t'oublies les tracas, t'oublies les problèmes d'argent, de bouffe et de sentiments. tu laisses tes hanches bouger au rythme de celles de bendo. en ce moment, t'es toute à lui. t'aimerais être à lui plus souvent que juste quelques instants par semaine, t'aimerais être à lui tout court. c'est une pensée qui te traverse l'esprit juste comme ça, juste avant que vos deux corps n'atteignent le nirvana. et vous retombez, chacun de votre côté du lit. tu t'en veux pour cette pensée, putain. putain romy, mais tu cherches que ça, en fait, tu cherches à ce que chaque personne que tu croises finisse par t'abandonner. comme elles le font toujours. alors tu te tournes et tu te retournes parce que tu penses trop. tu penses à bendo et sa ressemblance de fou avec alexis. tu penses à bendo et le fait qu'il agit parfois comme alexis. tu penses à bendo et son sourire à la con qui fait que ton coeur a un raté à chaque fois. tu penses à bendo. ça te tue. ça te fait chier. tu veux pas. tu peux pas. tu sais que votre relation, à la base, c'était pas ça. à la base, c'était que du sexe et rien d'autre. sauf que c'est plus fort que toi, tu sais pas pourquoi tu t'attaches comme ça. t'y peux rien et ça te fait chier. tu t'énerves, tu bouillonnes, tu vas exploser. puis l'autre abruti qui te dit qu'il va s'en aller. non, que tu hurles. ça non plus, c'était pas prévu. c'était un cri du coeur, un appel à l'aide. dans la panique, tu cherches ses yeux. tu veux qu'il lise que t'as besoin de lui, qu'il peut pas partir maintenant. t'as pas envie qu'il te laisse, pas maintenant, pas comme ça. sauf que tu te rends bien compte que t'as l'air d'une désespérée. et ça t'énerves encore plus. tu te retournes encore une fois pour ne plus lui faire face. t'as honte de toi, t'as pas envie qu'il te voit. ouais, casse-toi, j'en ai marre de voir ta gueule. c'est sec, c'est froid. c'est bien loin de ce que tu ressens réellement, mais y a que comme ça que tu sais parler de toute façon. tu connais pas les mots doux, les merci et les je t'aime. tu sais qu'insulter, agresser. t'es pas faite pour l'amour, romy. t'es pas faite pour être aimée. t'es en colère contre toi-même, contre lui, contre le monde entier. tu sais pas quoi faire, quoi dire, t'as envie de cogner. un mur, son visage, n'importe quoi, t'as besoin de te défouler, de te décharger alors tu hurles : casse-toi, putain !

elle crie, hurle, un non s'échappe des lèvres de la brune et t'aurait presque fait sursauter. tu ne tournes pourtant pas la tête vers elle, pas tout de suite. quoi non ? elle ne souhaite pas que tu partes, ou au contraire approuve. t'as bien l'impression qu'elle ne veut pas. tu n'abdiques pas pour autant, tu ne bouges pas pour autant, laissant ce crie raisonner dans ton esprit. puis tu te retournes, ton regard capte le sien. désespoir, passion, envie, rage, haine, tout se mélange dans son regard et une fois encore tu n'arrives pas à en comprendre la moitié, tu n'arrives pas à te décider, à entrevoir la moindre chose. pourtant, tu ne baisses pas le regard, comme hypnotisé par ses deux pupilles qui te fixent. puis tout change. t'as l'impression d'avoir été jeté dans de l'eau glacée alors qu'elle se tourne et qu'elle s'exprime. elle veut que tu dégages, que tu partes, que tu sortes de là et que tu sortes certainement de sa vie. tu ne bouges pourtant pas, toujours pas, ne pouvant pas partir aussi simplement. et alors que le silence revient, elle le brise une nouvelle fois. c'est un autre ordre, plus qu'une demande. tu te lèves, et tu commences déjà à te rhabiller, il n'y a pas besoin de paroles. c'est bon ! que tu hurles à ton tour. tu te dépêches, comme si t'avais besoin de disparaître avant que la tornade n'arrive. tu sais qu'elle est en préparation. dans un autre temps, t'as envie de rester là, de rester et voir cette tempête en action. c'est rare, c'est soudain et c'est meurtrier, tu le sais. pourquoi, à peine as-tu remis ton jean que tu ne prends même pas la peine de mettre ton t-shirt. tu braves le danger, tu fais le tour du lit et tu viens te poster devant elle. tu cherches peut-être trop, peut-être que ça va encore dévier, t'en sais rien ... quoique si, tu le sais, tu sais qu'elle va se déchaîner sur toi. tu le sais et tu ne cherches pas à l'éviter. et si je pars pas tu fais quoi romy ? hein, qu'est-ce que tu vas faire ? t'es prêt à tout. t'es tout ouïe, pire, t'attends le premier de ses gestes. t'attends qu'elle le fasse, qu'elle lève la main pour l'arrêter avant que ça claque, t'attends qu'elle ouvre sa bouche pour crier et tu t'en empareras avant qu'elle ne continue. ou alors, ou alors tu partiras simplement et pour mieux revenir dans une semaine.

tu baisses les yeux quand tu te rends compte qu'il a pas compris, qu'il se rhabille et qu'il s'en va. en même temps comment il pourrait te comprendre, romy, tu viens de lui dire de partir. toi non plus, tu te comprends plus. tu sais pas ce que tu veux. ou plutôt si, tu sais, tu sais que tu le veux lui, mais t'as trop peur. t'as trop peur de te faire rejeter. ou pire encore, t'as peur de devoir le voir partir un jour. qu'il s'en aille parce qu'il en a marre de toi, qu'il s'évanouisse dans la nature du jour au lendemain, qu'il te dise tout simplement que ça va pas aller entre vous. tu sais que t'es sans doute pas la seule à partager le lit de bendo. même que la moitié de la ville doit y passer peut-être, t'en sais rien. mais rien que d'y penser, ça te rend malade. tu lui jettes un regard à ce con et tu décides, toi aussi, de mettre tes sous-vêtements. et puis tu te rassieds au bord du lit, dos à lui. tu sais pas. tu sais plus. tu détestes comment bendo il arrive à foutre le bordel dans ta tête, tu détestes comment il te fait péter des câbles, tu détestes l'emprise qu'il a sur toi. tu fermes les yeux et t'essaies de penser à des trucs biens, mais honnêtement, tu vois juste bendo qui part, qui te laisse, qui t'abandonne. ton coeur se serre. ton estomac est retourné, t'as envie de vomir tellement tu te sens mal. tu veux pas. tu veux pas qu'il parte, putain. tu veux pas être seule, tu supportes pas la solitude. t'as besoin de quelqu'un, t'as besoin de lui. merde, merde, merde, romy, t'es tombée dedans jusqu'au cou. c'est trop tard pour te repêcher, tu crois. sa voix te sort de tes pensées, encore une fois, tu t'étais perdue. t'ouvres les yeux doucement. il est juste devant toi. il te transperce du regard. est-ce qu'il sait tout ce qu'il se passe dans ta tête ? est-ce qu'il sait à quel point t'as envie de le tuer, le tuer d'amour ? est-ce qu'il se rend compte de l'effet qu'il a sur toi ? ses yeux, ils te défient. tu le détestes. tu détestes quand il fait ça, quand il se pense plus fort que toi. tu serres ta mâchoire. t'as envie de le frapper, de le faire saigner. peut-être que tu aurais du le faire deux ans plus tôt quand t'as cru que c'était alexis. t'es pas une tueuse, romy, mais peut-être que ce jour-là, t'aurais du en finir avec lui. t'aurais pas eu de problème, t'aurais fini seule en prison. au final, est-ce que ce n'est pas mieux ? tu plisses les yeux, énervée. ce petit con, il joue avec toi, avec ton coeur. pourquoi tu veux rester, bendo ? pourquoi tu veux rester avec quelqu'un comme moi ? pourquoi ici ? tu lui craches tes paroles au visage. il ne comprendra pas, il ne comprendra jamais. il ne sait pas ce que ça fait d'avoir été abandonnée plus de trois fois. il ne sait pas ce que ça fait de s'être fait arraché le coeur par quelqu'un à qui on faisait confiance, quelqu'un qu'on aimait. tu détournes ton visage de lui avant de lui balancer d'autres mots tranchants au visage. c'est pas comme si je comptais pour toi, hein, bendo ? c'est pas comme si t'avais pas d'autres putes à baiser, pas vrai, bendo ? tu sombres de plus en plus dans une tempête qui s'appelle bendo et bientôt, tu ne seras plus qu'une épave, romy.

tu ne comprends pas. t'es loin, déjà trop loin, déjà perdu dans les méandres de la tempête. elle souffle trop fort pour que tu puisses garder le cap, elle s'enrage, elle grandit, petit à petit, comme un nouveau-né. elle s'agrandit, toujours plus, comme si elle voulait t'engloutir, te faire disparaître et en même temps te garder. t'es perdu, et t'attends ces mots, ses paroles. t'attends là, devant elle, parce que c'est romy et que romy elle est différente des autres. romy, elle a la rage, elle a la haine mais pas seulement. romy, elle est caractérielle, romy elle est dangereuse et toi, t'aimes ça. toi, t'aimes le danger. toi, t'as besoin d'être en danger. ça t'attire irrémédiablement. les mots fusent, ils sont crachés, jetés à la volée et tu n'as aucune autre arme que tes mains. tu les attrapes au vol et pourtant aucune réponse ne vient. pourquoi tu restes ? est-ce que tu serais prêt à lui avouer ? pire, est-ce que tu serais prêt à te l'avouer ? certainement pas, alors tu fermes ta bouche, tu ne dis rien, tu la laisses continuer dans sa lancée, tu la laisses faire, simplement. elle a déjà détourner son regard qu'elle s'enflamme. qu'elle parle des autres. qu'elles autres ? celles qui passent chez toi, qui se perdent dans tes draps et qui ne reviennent pas ensuite ? celles-là peut-être ? celles qu'elle appelle vulgairement tes putes.. arrête avec tes conneries. tu sais très bien que tu n'es pas la seule romy, que tu n'es pas la seule que je baise alors c'est quoi ça ? qu'est-ce que tu me fais là ?   t'es vulgaire toi aussi, parce que c'est ce qu'elle attend, que c'est ce qu'elle veut. tu ne peux que lui donner ça, puisque tu n'as aucune idée de ce qu'elle veut vraiment. alors tu joues sur le même terrain, parce que ton égo est là, ton égo se réveille et que tu ne supportes pas qu'on te parle comme ça. alors si ça te dérange, je ne reviendrai plus. problème réglé. maintenant, j'me casse puisque madame le veut.   tu rages, tu t'énerves, et c'est dangereux autant pour toi que pour elle. tu ne sais pas pour qui c'est le plus dangereux, quand elle t'énerve de cette manière tu sais que tu fais de mauvaises choses ensuite. tu t'échappes, tu retournes vers tes vêtements et tu te rhabilles, simplement. tu ranges ton armes aussi, cette arme dont tu ne te sépares jamais. romy l'a déjà vu, en deux ans, elle a déjà vu mais n'a jamais posé aucune question. c'était certainement pour ça que tu revenais malgré tout. une fois prêt, tu te diriges vers la porte et tu te retrouves très vite dans son salon. tu t'arrêtes, quelques instants, sans savoir pourquoi. t'attends quoi là bendo, t'attends quoi ? tu voudrais qu'elle te rattrape ? tu voudrais revenir ? pourquoi tu t'imprègne de chaque détails comme si tu avais peur de les oublier ?

la mer, elle a des vagues. et ces vagues, elles vont et viennent, elles sont douces le jour. la nuit, elles sont plus violentes. elles se fracassent contre les rochers et elles repartent comme si de rien n'était. toi, romy, t'es dans les vagues et tu suis le rythme de la nuit et tu t'écrases sur la roche froide et dure. et puis tu repars pour te cogner encore plus fort. ça n'en finit plus. bendo, c'est l'effet qu'il te fait. t'as l'impression de flotter un instant, puis le suivant, tu te bousilles sur un mur, celui de tes sentiments. plus douloureux que les pierres, plus froid que le vent maritime. bendo, c'est le navire qui surfe sur tes vagues, tu veux qu'il jette l'ancre, mais plus t'essaies de le retenir, plus il vogue. tu dis plus rien, tu ne réponds même pas à ses attaques. tu sais plus quoi dire alors tu te tais. tu le regardes finir de se rhabiller, tu le suis des yeux. tu ne dis toujours rien. t'as la gorge nouée. c'est ce que tu voulais, pas vrai ? tu voulais qu'il te quitte pour que tu n'aies plus à souffrir, c'est ça ? ça devrait te soulager, t'enlever un poids, tu devrais te dire que tout va bien, que tout ira mieux. mais c'est pas le cas. il est sur le pas de la porte et puis il disparait de ta chambre. bendo n'est plus qu'un souvenir. c'est la fin, un happy end comme on appelle ça. le mauvais garçon qui quitte la princesse, c'est comme ça que tout conte doit se passer, il paraît. alors pourquoi t'as ton coeur qui s'émiette ? pourquoi t'as envie de hurler à en réveiller tous tes voisins ? pourquoi t'as envie de pleurer ? pourquoi t'as mal comme ça ?
tu te lèves comme électrocutée. tu cours vers ton salon comme si toute ta vie en dépendait alors que c'est juste la pièce à côté. t'as cru que c'était déjà trop tard, qu'il avait tourné la page sur toi, sur vous. mais il est toujours là. comme s'il savait que tu débarquerais, comme s'il savait déjà tout. peut-être qu'en fait, il sait rien du tout parce que toi, romy, t'es aussi ignorante que lui, en vérité. t'appuies sur un de tes murs. merde, t'es censée dire quoi maintenant ? t'en sais rien ? tu dois lui courir dans les bras et l'embrasser fougueusement ? tu dois lui dire que tu l'aimes ? merde, t'en sais rien du tout. une autre vague de panique t'attaque, tu sais pas quoi faire. alors tu fais ce que tu fais de mieux : la meuf qui s'en fout. tu hausses les épaules en croisant les bras et en baissant les yeux vers le sol de manière nonchalante, comme si tu contrôlais tout. sauf que tu contrôles que dalle et que tu t'enfonces toujours vers l'abysse. je ... ouais, tu t'arrêtes là parce que tu sais pas continuer. alors pour une fois dans ta vie, t'as décidé d'être honnête, en partie du moins. je sais pas quoi te dire bendo. tu relèves la tête vers lui, t'aimerais le regarder dans les yeux, lui montrer à quel point t'as besoin de lui, juste cette fois-ci. mais t'es trop vulnérable et ça ne te ressemble tellement pas que tu préfères rester là, en sécurité, à l'autre bout de la pièce. j'sais pas ce que je ferai si tu partais pas. et en fait, même si tu pars, j'en sais rien. tu hausses les épaules encore une fois comme si tu devais prouver que vraiment, t'en savais rien. tu dis ce qu'il te passe par la tête, même s'il comprend pas, même s'il s'en va, même si. en fait, non, tu veux pas qu'il s'en aille, t'oses te l'avouer, ce soir. t'oses le penser, ce soir. est-ce que t'oses le dire, ce soir ? bendo, je ... ta voix se meurt. non, tu peux pas. c'est trop dur, ça. tu laisses ta phrase en suspens. tant pis.

t'es là, au milieu de la pièce, de sa pièce, à elle. à romy. tu devrais bouger, tu devrais te bouger et disparaître d'ici avant qu'elle ne se décide de passer, avant qu'elle ne se décide à venir ici. tu ne veux pas la voir, tu ne veux plus la voir, pas maintenant. il faut que tu partes mais tu entends déjà des pas derrière toi, tu te retournes et tu la regardes la brune. tu la regardes, tu l'observes alors qu'elle s'appuie contre le mur. elle parle, elle dit quelque chose, et tu ne réponds pas. qu'est-ce que tu pourrais répondre alors qu'elle ne sait simplement pas quoi te dire. à part de dégager, c'est certain qu'elle n'a rien d'autres à dire et tu aurais du l'écouter, encore une fois, tu aurais du l'écouter et disparaître d'ici au plus vite. elle continue, elle continue en haussant les épaules et tu ne dis rien, toujours rien. laissant les mots bloqués dans ta gorge. t'aimerai savoir ce qu'elle veut, ce qu'elle attend et ce qu'il se passe dans sa tête mais en même temps ... tu n'as pas réellement de savoir ce qu'elle a alors tu fermes le yeux. elle va parler, t'attends la douche froide, la claque ou quelque chose d'autres mais rien ne vient. elle commence mais ne termine pas, comme à chaque fois. tu fermes les yeux, t'essais de te contrôler, de ne pas t'énerver, ça ne servirait à rien de toute manière. tu le savais et tu le sais à chaque fois que tu viens ici, romy est romy. c'est bon j'ai compris romy.  que tu sors finalement, sans la lâcher du regard. t'as compris, elle veut que tu partes, alors tu vas partir, tu ne vas pas chercher plus loin, d'ailleurs, tu en cherches pas plus loin. tu dévies ton regard, rageusement, parce que tu n'en peux tout simplement pu d'elle, de son caractère de merde et pire ... tu n'en peux plus de toi-même, de toujours revenir ici malgré tout, même si tu sais pertinemment comment ça va se passer. j'me casse.  que tu souffles pour finir et tu tournes les talons vers la sortie, la porte se referme derrière toi et t'es déjà en train de descendre les marches qui te mèneront vers la sortie. t'essaie d'oublier ses deux iris qui te fixent, ces deux pupilles qui ne te lâchent pas et qui essaient de te passer un message. tu ne veux pas ce message. tu ne veux pas savoir, tu ne veux rien savoir puis de toute manière, elle n'a rien à dire, elle n'a jamais rien à dire alors il vaut mieux que tu passes ton chemin. elle te rappellera non ?

choquée. tu restes là avec la bouche entrouverte. tu t'attendais pas à ça. tu sais pas vraiment à quoi tu t'attendais, en fait. il est parti, bendo. il est parti pour de vrai. et cette fois, t'as l'impression qu'il ne reviendra plus jamais. t'essaies vraiment de te convaincre que c'est pas grave, que tu t'en fous. parce que tu t'en fous de tout, pas vrai, romy ? tu t'en fous des gens, d'opaline, de bendo, de tes sentiments, tu t'en fous, des leurs aussi. y a rien qui a de l'importance, romy, même pas toi. et puis même, s'il restait avec toi, t'en ferais quoi de bendo ? tu sais pas aimer, tu sais pas comment faut faire. t'es pas opaline, t'as pas les mots doux, t'as pas les gestes délicats, t'as rien du tout, toi, t'es juste une brute. une brute qui a pas de coeur et qui sait pas parler d'avenir. ton avenir à toi, tu ne sais pas de quoi il est fait, mais t'as pas envie de savoir. ça a l'air sombre. comme toi, t'es noire à l'intérieure comme à l'extérieure, tu vaux pas la peine que quelqu'un répare ton petit coeur tout cabossé, tu vaux pas la peine qu'on t'accorde de l'attention plus d'une nuit. t'es mal aimée, romy, t'es pas aimée.
ça te fracasse, t'as l'esprit retourné, tu sais pas, tu sais plus, t'as jamais su. t'es inutile. et ça t'énerve. t'allais tellement bien quand bendo était pas là, tu trainais avec ta bande, tu laissais trainer tes fesses là où t'en avais envie, tu frappais qui t'avait envie. là, t'échoues sur la plage des échecs. bendo, il t'a changée en mal. tu te reconnais plus. tu réfléchis de trop et tout ça pour quoi ? pour qui ? pour ce pauvre type. c'est une grosse blague. t'as l'impression d'avoir gâché plusieurs années de ta vie à t'amouracher de ce gamin de la rue avec ses armes à feu qui lui serve de jouets. tu le détestes, tu le hais, tu le méprises. ah, tu veux plus le voir, tu veux le rayer de ta vie. et comme pour te le prouver, tu sors de l'appartement, peu après lui, pour dévaler quelques escaliers et crier à t'en arracher la gorge : ouais, va-t'en, laisse-moi seule. je sais même pas pourquoi j'essaie de te retenir. tu sais pas s'il a entendu. t'es même pas sûre qu'il est toujours là, en vérité. t'hurlais juste pour toi, pour avoir la conscience tranquille.

tes pieds sont lourds contre ces putains de marches qui n'en finissent pas. tu te dépêches, mais c'est comme si tu n'arrivais pas à aller plus vite, comme si tu étais coincé dans cette résidence, comme si tu n'avais pas l'droit de partir. ça t'énerve encore plus, ça te prend la tête. les minutes sont trop longues mais t'arrive enfin en bas. tu respires un coup, tu reprends tes esprits, doucement, ta main se portant sur ton arme sagement entreposée dans ton jean et t'es immédiatement rassuré. seulement, alors que tu poses ta main sur la poignet de la porte, tu l'entends la brune. tu l'entends ta brune. elle hurle, elle crie, elle s'égosille. tu ne comprends pas la fin de sa phrase. elle n'essayait pas de te retenir. loin de là, elle te foutait carrément à la porte, à la limite de te foutre des coups de pieds pour que tu sortes de l'appartement, pour que tu sortes de sa vie et là. et là tu ne sais même plus quoi penser. pourquoi il y a ce putain de coeur qui s'agite. pourquoi il tente quelque chose celui là ? pourquoi il veut s'exprimer ? c'est faux, forcément c'est faux, elle te ment, pire, elle se ment. elle dit n'importe quoi parce qu'elle est comme toutes les autres romy, elle est même pire. ce n'est qu'une vipère de plus parmi tant d'autres. tu ne dois pas y faire attention, ce ne sont que des mots, des trucs bizarres qui permettent de manipuler, comme ta mère savait si bien manipuler. ta mâchoire se serre et t'as envie de la rejoindre, t'as envie qu'elle arrête de faire ça, qu'elle arrête son cinéma. mais tu sais au fond que ça sera pire si tu reviens. pourtant tes pas te conduisent déjà sur les marches, tu les montes, pour la deuxième fois de la journée. une à une, elle te conduise jusqu'en haut. la montée est rapide, certainement parce que tu cours presque, peut-être parce que tu les montes deux par deux. ou simplement parce que c'est comme ça et pas autrement. tu arrives à son palier et elle est encore là. tu croises son regard et tu t'approches d'elle, trop dangereusement. d'où t'essaies de me retenir ? vas-y, explique moi dans quel mot c'était ? le dégage ou le casse-toi, parce que je t'avoue que j'ai pas tellement compris ?   c'est pas haineux, enfin si, c'est surtout spontané, c'est fort, c'est dur, c'est coriace, c'est toi. rien de plus, rien de moins. pourquoi t'as fait demi-tour au fait ? pourquoi t'es revenu ? peut-être pour un peu plus la casser, pour l'abîmer un peu plus et la mettre à terre une bonne fois pour toute. ça ne peut pas être autre chose.

tu croises les bras sur ta poitrine pour te protéger. tu te sens attaquée parce que tu l'es. en fait, bendo, il était toujours là, il se cachait en bas. il est remonté et maintenant, il est là, il se tient devant toi et lui aussi, il hurle. il comprend pas et tu sais qu'il a raison parce que tu dis jamais ce que tu penses, romy, tu passes toujours par des insultes ou alors tu dis à demi-mots. là, t'as juste rien dit. en général, en dire trop ça te brûle les ailes. t'es pas un ange et tu le sais bien romy, t'es plutôt ange déchu toi. tu peux rien n'y faire, c'est comme ça que t'as été créée, trop peureuse pour avouer tes sentiments, trop forte pour te laisser marcher dessus. trop perdue pour savoir où tu vas, trop attachée pour laisser tomber. tu te demandes ce que tu vas lui répondre. tu le regardes, tu l'examines comme si bendo, c'était une oeuvre d'art. son visage dur, son expression féroce, t'as presque l'impression qu'il va te bouffer toute crue. ses yeux dans lesquels tu peux lire la colère, il en a marre, marre de toi, ils sont noirs, noirs de rage. et toi, tu te sens toute petite, toute nue. peut-être aussi parce que t'es juste avec ta culotte et ton soutien-gorge, peut-être. tu recules d'un pas tellement il est menaçant. t'es pas comme ça d'habitude. en général, c'est toi la lionne. en général, c'est les autres qui baissent la tête devant toi, romy. mais aujourd'hui, ça va pas pour toi, bendo, il touche les cordes sensibles, il te touche en plein coeur et toi, t'es là, désemparée avec tes sentiments inavoués, inavouables. tu comprends pas. c'est ferme et c'est sec. tu n'hurles plus, pas pour le moment. tu ne le gifles pas, pas aujourd'hui, même si ce n'est pas l'envie qui te manque. j'crois que si j'essayais de t'expliquer, tu comprendrais pas. tu hausses les épaules en baissant les yeux. c'est un murmure, c'est presque inaudible, mais t'espères quand même qu'il t'a entendue quand tu dis : tu vois pas l'effet que tu me fais ... ?

tu la surplombes de ta hauteur. tu la dépasses presque d'une tête et t'en profites largement, t'en profites de trop. tu la domines littéralement alors que tu entends encore ta voix raisonner autour de vous. tu la fixes, tu ne perds pas le contacte parce que t'as juste l'impression d'être au bout du tunnel, t'as l'impression d'avoir ouvert la boîte de pandore et d'être dans l'incapacité de la refermer. cette boîte c'est romy, c'est elle. elle est ouverte et elle saigne. sauf que toi, tu ne le vois pas, tu en vois rien, tu ne veux rien voir alors tu bloques simplement ton esprit. tu l'empêches de se faire des films, des idées, tu le laisses de côté. elle parle, c'est simple, c'est rapide, c'est pourtant pas fort. elle ne crie plus. tu ne t'énerves pas plus, quoique ... qu'est-ce que tu comprends pas. tu en comprends rien avec romy, t'as jamais compris et tu étais parti du principe que tu ne comprendrais jamais sauf que ça ne fonctionne pas. tu es à ce point de décision, ce point de non retour où soit c'est A, soit c'est B, tu n'as aucun autre choix. pourtant aucun des deux ne te satisfait. non, je n'comprends pas. tu lui réponds simplement, presque pour la pousser à continuer. serais-tu en train de choisir une route sans réellement le vouloir ? elle continue, un monologue, rien d'autre, pas de réponse, toujours pas. le néant, le vide alors qu'elle baisse les yeux. romy faible, romy la perdue. non, tu ne connais pas cette romy là, tu ne l'as jamais vu. qu'est-ce que tu viens de faire bendo ? viens-tu de la briser à ce point là ? viens-tu de détruire la tornade ? as-tu dompter la lionne ? ton esprit s'arrête de fonctionner lorsque ses derniers mots sortent. ils passent en boucle dans ton esprit. trop rapidement et n'ont aucun sens pour toi, ou alors ils ne veulent tout simplement pas prendre de sens. tes yeux se ferment, tu les ouvrent de nouveau, tu avances et tu la fais reculer par la même occasion pour la bloquer contre le mur. ta mains trouve le chemin de son menton, relève doucement sa tête pour capter son regard. toute l'intensité de la romy si différente et si faible à la fois que ça t'impressionne. tu n'en as pas l'habitude. t'as l'habitude des coups avec elle. tu n'as pas l'droit de dire ça. j-je .. putain. que tu termines par dire, tu baisses à ton tour tes yeux alors que ton cerveau fonctionne de nouveau à grande allure. j'vois bien qu'il y a quelque chose, j'sais qu'il y a quelque chose, j'l'ai vu dans ton regard, la première fois, mais ... je n'comprends pas romy. toute cette haine que tu me lances à chaque fois, pourquoi est-ce que tu me rappelles ? et quel effet ? j'ai besoin de réponse. non arrêtes, tu n'en veux pas de ces réponses. stop.

toujours dans tes vagues, tu ne te voues plus à l'échec en te fracassant sur les roches. non, maintenant, tu nages à contre courant en essayant de garder la tête hors de l'eau. tu te rends compte de l'énorme erreur que tu as faite. tu viens de lui avouer, à demi-mots, que t'éprouvais quelque chose de plus que du désir pour lui. tu sais pas pourquoi t'as fait parce que c'est pas vrai. tu rêves pas de te blottir dans les bras de bendo après vos ébats. tu penses pas du tout à l'embrasser chaque fois que tu le vois, même si c'est au tattoo shop, même si c'est dans le café d'à côté, t'y penses pas. quand il te traverse l'esprit, tu veux pas lui envoyer de message. non, romy, tu veux pas ça du tout, t'en rêves pas. t'en crèves d'envie. tu veux de l'amour et cet amour, tu l'imagines au bras de bendo ou d'opaline, mais tu te voiles la face. tu veux pas te montrer faible, c'est pas toi ça. y a deux romy, en vérité, la dure, la froide, la méchante, la sans-coeur et puis y a la fragile, la perdue, la vulnérable, l'autre. sauf que toi, t'aimes pas cette partie-là de toi. tu préfères l'enterrer profondément et ne jamais la ressortir. pourtant bendo, il a sorti sa pelleteuse et il est près à déterrer tous tes débris. t'es pas sûre qu'il soit prêt à tous les recoller, par contre. t'es en miette, ça fait des années que t'essaies de te reconstruire, mais tu tombes toujours en poussière. alors t'as fait une croix sur l'amour, sur toi. tu te contentes de ce qui passe, de ce qui est à ta portée. tu te foules pas trop parce que tu penses que tu mérites pas mieux que ça. pas mieux qu'un bendo qui te repousse, pas mieux qu'une opaline incertaine, pas mieux que la solitude elle-même. alors quand bendo il te découvre comme ça, ça te fait flipper. tu sais pas si t'es prête à le laisser rentrer à l'intérieur, mais il pousse, bendo, il essaie de briser les barrières. alors quand tes yeux se noient dans les siens, tu sais plus où te cacher. tu fonds, t'es plus qu'une flaque. tu cherches dans son regard quelque chose qui te dit que lui aussi, il ressent quelque chose. l'avoir senti, c'est une chose, l'avoir aussi, c'est une autre. tu déglutis, tu laisses le silence se poser. tu restes dans ses yeux bleus et une vague de sentiments vient t'avaler toute entière. tu te mets à jouer avec tes ongles pour te distraire, pour masquer ton mal aise. ton coeur, il bat vite et fort. tellement fort que t'as l'impression que le brun, il pourrait l'entendre aussi. ta respiration s'accélère aussi, tu perds le contrôle. l'estomac noué, les lèvres légèrement entrouvertes, les yeux scotchés aux siens. t'oublies tout. t'oublies le reste. tu le saisis par la nuque et tu colles tes lèvres aux siennes. tu l'embrasses comme jamais tu ne l'as embrassé avant. avant, c'est des baisers de famine, de sexe, de désir et d'envie, rien d'autre. là, c'est passionné, c'est tendre, c'est sauvage, c'est toi, c'est lui, c'est vous. t'essaies de faire passer tout ce que tu peux dans ce putain de baiser parce que t'es pas douée avec les mots tu laisses parler ta bouche pour toi.

est-ce que les réponses vont arriver ? est-ce que tu vas obtenir quelque chose de la romy fragile ? est-ce qu'il va se passer quelque chose ? tu n'en sais rien, tu ne veux pas savoir. tu veux disparaître, tu veux partir avant qu'elle parle. pourtant tu ne bouges pas. tes pieds sont ancrés dans le sol, tu restes là, à attendre que quelque chose se produise. elle est là elle aussi mais elle est muette. elle ne parle pas, pas un mot et tu te demandes pourquoi est-ce qu'elle ne te crie pas dessus. pourquoi est-ce qu'elle ne s'exprime pas ? pourquoi elle ne bouge pas ? pas de son, pas de gestes rien. juste ses deux iris qui te cherchent, qui te transpercent. tu n'en sais rien. ta respiration s'accélère alors que tu sembles beaucoup plus calme. tu ouvres tes lèvres pour rajouter quelque chose mais rien ne vient. elle ouvre les siennes, mais le silence est toujours là, il est présent et t'encercle. il te fait signe, le diable. t'es pas patient, t'aimes pas attendre et pourtant, tu ne bouges pas. qu'est-ce qu'elle a petite romy ? qu'est-ce qu'elle a ta lionne ? puis tout s'enchaîne rapidement. peut-être parce qu'il était temps. elle s'empare de ta nuque, tes pieds s'avancent un peu plus vers elle, la bloquant littéralement. elle s'agrippe à toi, elle s'accroche si tu n'étais qu'un vulgaire ancrage, puis ses lèvres trouvent les tiennes. c'est sauvage, c'est intense et tu n'en as pas l'habitude. tu te perds dans ce baiser, tu te noies littéralement dans l'océan. tu ne comprends plus rien, tu ne comprends plus romy, tu ne te comprends plus. pourquoi tu en veux plus ? pourquoi t'as l'impression d'être important. tu n'es pas important pour elle, tu ne l'es pas, tu ne dois pas te faire berner aussi facilement. ce n'est qu'une vulgaire brune qui ne veut que tes draps, rien de plus. elle ne veut pas tes bras puisque tu ne pourrais pas lui donner. pourtant, tu la prends dans tes bras, tu colles son corps contre le tien. tu ne peux pas faire autrement. la passion t'encercle, l'excitation s’emmêle à ce tout et tu ne contrôles plus. ou alors tu contrôles tout. tu ne sais plus. tes mains glissent le long de ses hanches, soulèvent ses fesses et tu l'agrippes dans tes bras. ton bras remonte le long de son dos et ta main se coince sur sa nuque pour l'empêcher de s'en aller. mieux, pour l'empêcher de parler. tu ne veux pas qu'elle parle.  elle est déjà à moitié nue et c'est comme ça que tu pousses la porte de son appartement et que tu la refermes aussi vite. tu rentres dans l'appartement et tu la poses sur le sol. tu t'écartes d'elle. quelques instant, mais tu ne tiens plus puisque tes lèvres retrouvent les siennes bien trop vite. tu ne sais même pas où tes pas te mènes. c'est peut-être le canapé, ou le lit, tu ne sais pas où tu es, tout ce que tu ressens est bien trop décuplé pour te concentrer sur autre chose. ses mains sont sur toi, tu les sens se perdre sur ton jean, sur ton arme. tu réagis avant elle. tu l'enlèves de ton jean et la balance au sol.

parce que t'es comme ça, romy, à suivre tes pulsions, tes idées et puis à les quitter quelques secondes après. t'as toujours été comme ça, romy, à voguer selon tes envies. là, tu vogues sur bendo, le navire en mer. vous ne faites qu'un. collés l'un à l'autre, vos lèvres se battent pour avoir la dominance, elles se séparent pour mieux se retrouver. tu te sens emportée par la mer, par ses bras forts. tu t'en fous de où vous êtes, tu t'en fous de qui vous êtes. vous êtes vous, vous êtes deux et vous coulez pas. tu coules pas, romy, tu coules plus. t'es dans une marée chaude qui te remplit le coeur de chaleur. tu vis, romy. t'ouvres les yeux quelques secondes pour t'assurer que c'est vrai tout ça, que tu rêves pas, qu'il est bien là, avec toi, bendo. même serrée contre lui, t'as l'impression de ne pas en avoir assez, t'en veux plus alors tes baisers se font plus fougueux, plus désireux. tes mains se baladent sur ce corps si familier, sur la peau du brun. tes bras se nouent autour de sa taille et quelque chose de froid te fait frisonner. une arme à feu, tu regardes bendo la balancer par terre sur ton tapis. tes yeux restent rivé dessus et tu commences à te poser des questions. tu sais que bendo, il fait des trucs pas nets, mais t'as jamais rien demandé parce que tu voulais du sexe, tu t'en foutais de ce qu'il faisait et de qui il voyait, mais maintenant... t'as pas le temps de laisser ton esprit s'affoler plus que ça parce que bendo, il te reprend dans ses bras et c'est reparti pour du sauvage. tu lui retires son t-shirt entre deux embrassades. toujours tes mains baladeuses sur son torse, dans ses cheveux, sur son jeans. et puis tu te rends compte que vous êtes vous et que ça ne changera pas. c'est pas ça que tu voulais lui dire en l'embrassant dans le couloir. c'est pas ça que tu voulais lui faire comprendre. c'est pas ça que tu veux. sauf que t'es romy et que lui, c'est bendo et que vous, ça rime avec sexe. vous avez vos habitudes et apparemment, vous ne savez pas communiquer autrement. tu ralentis le rythme pour carrément le stopper en posant tes mains à plat sur le torse de bendo. tu te recules un peu. et tu regardes les traits de son visage déformés par la confusion. il comprend pas et toi non plus. tu fronces les sourcils. encore une fois, les mots sont absents. bendo, que tu commences sauf que tu ne sais pas comment achever. tu prends une inspiration pour te donner du courage. le courage de quoi ? tu sais toujours pas. tu sais jamais rien, bordel, romy. tu baisses la tête, t'es déçue de lui, de toi, de tout. le silence se pose encore, tu lui laisses place parce que c'est ce que tu fais de mieux. et puis enfin : bendo ... t'as pas compris ce que j'essayais de te dire ... ?

hj:

tu tentes de rattraper la situation, tu vois son regard s'attarder sur ton arme. tu la rattrapes, tu la plaques, tes lèvres trouvent les siennes et le temps de quelques instants tu crois que c'est bon, c'est bon, qu'elle est revenue qu'elle est là, qu'elle est à toi mais c'est sans compté sur elle. romy. romy l'indécise. elle se recule, te fait reculer, te fixe et toi, tu comprends pas. toi, t'es perdu. t'as l'impression de nager dans un océan sombre, un océan de pétrole où tu n'arrives pas à te repérer, où tu n'arrives pas à avancer. tu te démènes, comme tu peux, mais c'est impossible. bendo qu'elle commence, mais s'arrête une nouvelle fois. se stoppe. baisse le regard et t'échappe. encore une fois. tu ne sais plus quoi faire avec elle, tu ne comprends pas, tu ne comprends rien. tu ne sais pas ce qu'elle veut. bendo ... t'as pas compris ce que j'essayais de te dire ... ? putain non, non, t'as rien compris. non, bien sûr que non t'as rien compris parce que t'es pas ce qu'il lui fait, parce que t'as rien à lui donné, rien à lui offrir à part ton corps. tu ne peux pas lui offrir ton âme ... non, tu ne peux pas parce qu'elle n'existe plus depuis longtemps, elle s'est perdue il y a des années maintenant sans que tu ne cherches à la retenir. alors tu te recules encore un peu, tu te retires d'au dessus elle pour lui laisser de l'espace, pour qu'elle puisse réfléchir, à moins que ce ne soit toi qui ais besoin de réfléchir. je ... tu ne sais pas quoi dire. ta main passe sur ton visage, dans tes cheveux, se perd dans ta nuque comme si tu cherchais quoi dire, quoi faire. quoi lui dire. tu n'as pas assez essayé que tu finis par dire parce que c'est ça le problème. t'es pas médium, t'es pas devin, tu ne sais pas ce qu'elle attend de toi, tu ne sais pas ce qu'elle essaie de te dire. t'aimerait savoir, t'aimerais vraiment le savoir, l'entrevoir. t'aimes pas être comme ça, dans l'attente, t'aimes pas être comme ça, sans savoir. t'aime pas ça. j'comprends pas ce que t'attends de moi romy. c'est clair, toi t'es clair, tu passes pas par quatre chemins, tu ne peux pas passer par quatre chemins pour lui parler parce que ça serait comme une conversation entre deux sourds. elle ne t'aide pas, alors tu dois l'aider à se clarifier. c'est tout.