(Leo) Des retrouvailles

elle se sent replonger, comme une conne, sans bouée de sauvetage, sans brassard pour l’empêcher de couler, non elle y va tête baissée, s’attendrie de l’entendre avouer qu’il y a pleins de chose qu’il n’a pas oublié la concernant. son palpitant se transforme en guimauve, son sourire niais s’élargit, elle essaye de le retenir en se mordant la lèvre inférieure sans grand succès. son coeur grand ouvert, offert au moindre coup de poignard qu’il pourrait aisément lui assener. « je sais… j’en ai toujours une chez moi, au cas où j’ai envie de faire une fête… mais je tiens trop à ma déco pour en organiser. » et elle boit pas de whisky non plus, elle sait pas pourquoi elle la garde cette bouteille en fait. elle passe devant à chaque fois qu’elle sort son paquet de céréales le matin, trônant là, attendant d’être bue, par qui? elle ne ramène personne chez elle. c’est une règle qu’elle s’est imposé. chez elle c’est sacré, personne n’y entre. c’est son cocon. elle y a même un studio exprès, avec des équipements qui coutent une fortune grâce à son sponsor, elle ne prendrait pas le risque d’y laisser n’importe qui. elle finit par faire ce dont elle avait envie depuis qu’elle avait reposé son regard sur lui, depuis qu’elle l’avait bousculé… par hasard? si elle croyait au destin comme elle peut en parler dans ses chansons, elle se dirait probablement que c’était prévu par celui-ci, que ce n’était pas un hasard, que la vie avait décidé de les réunir. mais elle se veut plus terre à terre. et au final ça n’a pas d’importance, l’important c’est leur lèvre qui se redécouvre comme si elle ne s’était jamais quitté, c’est les doigts de loeiz qui l’intime à se rapprocher, les siens qui suivent le dessin de la mâchoire à travers la légère barbe qu’il arbore. baiser d’une intensité sans égale. comme elle n’avait embrassé personne après lui. une chaleur immense s’invitant dans sa poitrine après l’air glacière qu’elle s’était obligé à y faire régner. elle voulait plus resister. elle finirait probablement brisée, elle en avait conscience, ça lui traversait la tête. les petites voix dans son crâne lui disent de se barrer, que ça ne peut que mal finir. que ça la tuerait. mais elle n’a de cesse de les faire taire. de les enfermer dans un coin de sa tête, de son cerveau, parce que… parce qu’elle s’est pas senti aussi vivante depuis des années. parce que ça lui fait un bien fou, tant pis si elle en crève de douleur ensuite, c’est si bon tant que ça dure, elle profite de la moindre petite seconde. une main vient casser sa petite bulle et elle lui fait payer cet affront. comme quoi les cours de self defense sont pas si inutiles que ça après tout. il ne s’est pas contenté de venir troubler un instant si agréable, il l’a prise pour une trainée de bas étage, une vulgaire marchandise. manque de pot pour lui, elle savait se défendre. il croyait avoir à faire à une fragile princesse, il était tombé sur la reine des glaces. le grand brun derrière elle vient appuyer ses propos avec aussi peu de chaleur dans la voix et dans les expressions. sage décision que celle de partir, elle se débarrasse de sa bière au passage pour libérer la main qui n’était pas dans celle de loeiz, récupère son blouson en cuir noir. retrouve l’extérieur. ça pour avoir du caractère, elle a du caractère, elle se l’ai forgé. quand t’as pas de preux chevalier, tu deviens ton propre preux chevalier, comme elle dit toujours. elle laisse échapper un léger rire en guise de réponse et le suit jusqu’à sa voiture, il ouvre la portière mais ne semble pas disposer à l’y faire rentrer tout de suite. elle y balance négligemment son perfecto, sur la siège passager. elle se laisse faire, sa main libre se nichant dans ses cheveux bruns. elle ferme les yeux, essayant de contrôler sa respiration qui n’avait de cesse de s’emballer. elle s’execute, monte dans la voiture, peinant à le lâcher du regard, à le lâcher tout court d’ailleurs.

Je prends place à ses côtés, pose une main sur le volant, l’autre sur sa cuisse. Où est-ce que je suis en train d’aller, je n’en sais trop rien. Tout ce que je vois, c’est ce que ce soir, cette nuit, j’ai besoin de la retrouver, que mon corps est attiré par le sien. Et que ça me fait du bien. Ca me change les idées, même si ne rien calculer, ne pas avoir l’avantage sur la situation, pour une fois, m’est inconfortable. Elle s’est immiscée dans ma tête rapidement, à l’époque, elle aurait pu effacer toutes les autres nanas en claquant des doigts si elle le voulait. Et la chose qui me choque le plus aujourd’hui, c’est que j’aurais pu me stabiliser avec Leo si elle m’avait répondu positivement, que je la veux toujours, à moi seul, sans autre mec pour me faire de l’ombre, sans les mains d’un autre pour se poser sur son corps si parfait, sans les regards de tous ces types en manque de viande qui peuvent la reluquer sans aucune gêne. Le trajet ne dure pas bien longtemps. Je me gare dans le garage de l’immeuble et la retrouve à l’extérieur. Je repose ma main sur le bas de son dos, la conduis jusqu’à l’ascenseur que j’appelle, les yeux plantés dans les siens. « Tu restes sur Biarritz ? » C’est une question que je me suis posé dans la voiture, qui a toute son importance. La réponse, je devrais l’avoir ; elle est ici depuis un an… Mais avec Leo, je ne sais jamais. Son installation peut être provisoire, uniquement pour sa carrière et peut-être bien qu’elle sera appelée ailleurs. J’essaie de ne me faire aucune illusion. Elle peut partir du jour au lendemain, ne pas revenir. Pourquoi resterait-elle ? Les portes automatiques s’ouvrent et je pose une main sur sa taille pour la faire reculer dans la cabine, appuie sur le bouton du dernier étage, le septième et alors que les portes se referment, je piège Leo contre la paroi. « Tu as trouvé ce que tu voulais ici ? » dis-je, en penchant ma tête vers son cou, pour y déposer mes lèvres, le dévorer, le mordre, doucement. Sa carrière est-elle assez remplie dans les parages pour lui donner le goût de rester ? Je me plais à croire que oui, qu’elle a suffisamment de contacts, que son passage à Londres a été assez intense pour la pousser à rester là, se faire une nouvelle expérience et si ce n’est pas le cas, alors c’est une raison de plus pour que j’en profite davantage, en laissant de côté toute la rancœur ressentie suite à son départ précipité. J’appuie mes mains sur sa taille, la soulève, l’incite à passer ses jambes autour de moi. Je me fiche bien de la petite caméra qu’il y a au-dessus de nos têtes, d’être dans un endroit où n’importe qui peut entrer, où quelqu’un entre au deuxième étage, d’ailleurs. Ce n’est pas ce qui me gêne. Je l’entends se racler la gorge, prendre place derrière moi, mais je ne lui adresse même pas un regard et presse ma bouche juste au-dessous de son menton. Etre avec Leo… C’est effrayant. C’est magique. C’est perturbant, mais putain qu’est-ce que c’est bon. Ca vide la tête, en même temps que de la remplir avec des tonnes de choses. C’est excitant aussi et mon corps réagissant à son contact ne peut qu’en témoigner.

elle savait pas où tout ça allait la mener, pourtant elle fonçait tête baissée. elle devrait pas. elle est toujours très rationnelle dans ses choix d’ordinaire. elle suit son cerveau. pas là. elle ne se l’explique pas. il pose sa main sur sa cuisse. elle a l’impression d’être revenue en un peu plus de cinq ans en arrière. ils ne sortaient pas beaucoup pourtant à l’époque. devant se cacher à cause de leur différence d’âge inappropriée. elle ne croit pas avoir souvenir de l’amour un jour vu les deux mains sur le volant avec elle. elle posa sa main sur celle du brun, comme si rien ne s’était passé depuis, son autre coude se mettant à la fenêtre, tenant sa tête, le regard perdu dans le vague. elle se prend à s’imaginer la vie qu’elle aurait pu avoir si elle n’était pas partie à l’époque. il se gare, elle descend de la voiture, l’attendant patiemment. c’était bizarre tout ça, elle savait pas vraiment quoi faire, comment agir avec lui. c’est comme si elle était une adolescente à nouveau. comme si c’était la première fois. et puis il lui pose la question, plantant son regard dans le sien, leur deux regards de glace qui se réchauffent au contact l’un de l’autre. est-ce qu’elle compte rester? partir n’est pas dans ses projets immédiats. surtout pas depuis qu’elle a retrouvé jude dans un sale état et qu’elle s’est promis de ne plus l’abandonner. et puis il y a lui. loeiz. le seul qui arrive à faire fondre la barrière de glace qu’elle s’est formée. était-il en train de lui demander de rester une nouvelle fois? elle ne veut pas se poser la question, elle aurait trop peur de la réponse. elle hausse les sourcils, se mordant un peu la lèvre inférieure, comme si elle avait peur de l’incidence que pourrait avoir sa réponse sur la soirée. « je crois que oui. » un oui déguisé en fait, elle veut pas partir, pendant avant un moment en tout cas. elle est bien à biarritz, elle est inspirée à biarritz, il y a lui à biarritz… même si elle lui dira pas par pudeur ou par peur de ce que ça pourrait vouloir dire, elle a pas envie de le perdre une nouvelle fois. sauf si c’est ce qu’il veut, elle le respecterait, elle l’aurait bien mérité. peut-être qu’il voulait juste une dernière fois. pour l’adieu qu’ils n’ont jamais eu. qu’il n’a jamais eu. elle se laisse faire, se laisse conduire, il a toujours été doué pour ça. « je crois que j’ai trouvé ce qui me manquait à londres oui… » il commence à venir laisser ses marques sur son cou, elle sourit, caressant sa nuque, ébouriffant ses cheveux, tendant son cou pour lui laisser tout le loisir d’en profiter. elle ne fais pas attention à la caméra, elle se souvenait à peine de son existence, elle en avait probablement vu d’autres, surtout connaissant loeiz. elle passe ses jambes autour de la taille de l’homme qui l’avait vu devenir femme pour la première fois, ses bras autour de son cou. elle ferme les yeux pour profiter de l’instant. un raclement de gorge lui fait rouvrir les yeux. elle avait bien envie de lui dire de prendre les escaliers la prochaine fois sur leur vue le dérange, mais à quoi bon, loeiz s’affairait toujours autour de son cou, à quoi bon le déranger dans sa tâche en parlant. sentant son corps réagir à son contact, elle ne peut s’empêcher de sourire à nouveau et de venir lui murmurer à l’oreille « patience encore quelques étages » non sans venir déposer ses lèvres sur le lobe de son oreille, les doigts toujours nichés dans ses cheveux et sur sa nuque, au grand déplaisir de l’autre passager de l’ascenseur qui soupire.

La réponse n’est pas assez précise pour que je sois pleinement satisfait. Je ne veux pas d’un peut-être, d’un je crois que oui, je veux un oui tout court, mais je suis incapable de le lui demander. Ce serait lui faire savoir que je souhaite qu’elle reste, réitérer ma demande, mais je tiens quand même à ma fierté, alors je me contente de cette réponse qui me semble être bien vague, de ce sous-entendu qui peut cacher n’importe quoi. Est-ce que c’est de moi qu’elle parle ? Ou est-ce tout simplement de son inspiration qu’elle avait perdu à Londres et qu’elle a retrouvé ici ? Je suis assez prétentieux pour penser que j’y suis pour quelque chose. « Tu vois. Tu n’as pas besoin d’être à des kilomètres de moi pour être bien. » dis-je, en déposant un baiser sur la paume de sa main. Je relève le visage vers Leo et penche la tête en arrière, dans un soupir. Quelques étages, c’est long, beaucoup trop lorsque la cabine est occupée par un autre qui est obligé de faire tout le chemin pour redescendre ensuite au rez-de-chaussée, étage qu’il a demandé. Je n’ai jamais été aussi impatient de me retrouver dans mon appartement que maintenant. Je la repose par terre lorsque l’ascenseur s’arrête au septième, adresse à peine un regard au type qui nous observe avec un air hautain, de dégoût et saisis la main de Leo pour l’attirer hors de la cabine et filer dans le couloir. C’est le dernier de celui-ci, le plus grand. Elle l’a déjà vu, je n’ai pas changé de logement, mais la décoration est bien plus sobre, plus moderne aussi. Les moyens, je les ai à force de magouilles et ça me permet d’avoir un endroit vivable. Je pousse la porte, la tire à l’intérieur et à peine la porte refermée que je l’attire contre moi. « T’as même pas idée à quel point j’ai envie de toi, là. » De la redécouvrir, entièrement, de caresser sa peau, la dévorer du regard. J’ai envie de faire toutes ces choses auxquelles je n’ai pas eu le droit pendant trop longtemps. Je lui fais signe de me suivre et me rends dans le salon où je sors une bouteille de Whisky, mon Jack et me sers un verre pour en boire une gorgée et la partager avec Leo. Mes lèvres capturent les siennes, alors que j’appuie avec mes doigts sur sa nuque, renversant sa tête en arrière. Le liquide chaud coule à l’intérieur de sa bouche, le reste dans la mienne, le long de ma gorge. Putain. Comment j’ai fait pour supporter son absence. « De quoi as-tu envie ? » Je demande, bien que la réponse me semble évidente. C’est pour réchauffer mon égo, pour rafistoler la part qu’elle a blessée. Je la pousse vers le bar du salon, qui fait office de séparation entre la pièce de vie et la cuisine, puis descends, lentement, le long de ses bras, jusqu’à son ventre, par-dessus le tissu. Cette robe que je relève pour enfin atteindre son nombril, à même la peau, y déposer mes lèvres de nouveau humides par une nouvelle gorgée de Whisky. Sa peau est chaude et glaciale à la fois. Elle a une odeur qui m’a manqué. Un goût que j’avais presque oublié, comme toutes ses sensations que je redécouvre. J’ai juste envie de la sentir frémir sous mes baisers.

elle espère qu’il comprendrait, que c’était lui qui lui manquait à londres, sans qu’elle est besoin de prononcer ces mots. elle n’était pas prête à les dire encore. elle finirait surement par l’être, parce que plus elle passait du temps là dans ses bras, sous ses mains, ses baiser, plus elle sent ce manque qu’elle ne savait pas si grand se combler en elle. « j’ai jamais dit le contraire » bien au contraire d’ailleurs. elle avait peur de se sentir si bien avec lui, d’en devenir dépendante, de n’être plus bien qu’avec lui. de lui donner un pouvoir bien trop grand sur elle. elle était partie bien trop tard pour ça, elle s’en rend compte maintenant. elle est foutue, elle est à lui, elle l’a toujours été au fond. elle lui sourit. elle se retrouve à nouveau les talons par terre, elle réajuste sa robe sur ses cuisses, histoire de ne pas offrir plus de spectacle à l’autre passager en sortant. « good night sir » qu’elle dit en sortant de la cabine, sarcastique, avec un grand sourire, pour le faire chier une dernière fois, comme il les a fait chier à être là. elle repose son regard sur le grand brun qui l’entraine dans le couloir, elle sait où elle va, elle est déjà venu, plus d’une fois, presque tous les jours, pendant les deux mois d’été, tous les ans, elle n’avait pas oublié ce couloir. elle regarde un peu autour d’elle, en le suivant, se remémorant les nombreuse fois où elle avait foulé ce sol. il ouvre la porte et se cessait d’elle, elle n’attendait que ça. elle pose sa main sur sa joue, suivant sa mâchoire, caressant ses lèvres de son pouce en le bouffant du regard. elle sourit amusé quand il sort son whisky. « t’y as pensé toute la soirée à ton jack hein? » plaisante-t-elle. presque à se demander si il avait plus envie de son whisky ou d’elle. elle le laisse faire, il mène la danse, il prend les commandes, elle aime ça. elle a toujours préférée ça. elle passe une nouvelle fois son pouce sur les lèvres de loeiz, humides. « t’as vraiment besoin d’une réponse à ça? » oui il en a besoin, et tu lui dois bien leo, va câliner son ego que t’as cassé en morceaux quand t’es partie. elle s’approche alors de son oreille doucement, posant ses mains sur son torse. « de toi, juste de toi. ça a toujours été toi. » elle avait une sensation bizarre dans la poitrine à dire ça. elle ne saurait la décrire. elle a jamais dit ça à personne. elle dit pas ce genre de choses. il lui fait faire n’importe quoi, et elle le laisse faire. contre le bar, elle en profite pour se défaire de ses hauts talons, les poussant doucement du pied, hors de leur passage. elle frissonne, son corps pouvant difficilement caché l’effet qu’il lui faisait toujours. elle s’agrippe au bar pour ne pas flancher et ferme les yeux de contentement. elle se débarrasse de sa robe qui les gène plus qu’autre chose et elle passe un doigt sous le menton de loeiz le faisant remonter, elle capture ses lèvres et s’attelle à défaire un par un les boutons de sa chemise, dont elle se débarrasse bien vite aussi, se collant contre sa peau chaude, ne quittant pas ses lèvres.

Les boissons qu’ils servaient là-bas étaient tellement dégueulasses que j’avais besoin d’une bonne dose d’alcool, d’un bon. Si je ne l’avais pas ramené ici, si je l’avais quitté sur une mauvaise note, je me la serai bu en très peu de temps, tant la frustration aurait été présente. Au lieu de quoi, je mêle mes deux plaisirs ensemble. « Sois flattée, je ne le partage pas avec n’importe qui. » Et elle n’est pas n’importe qui. J’acquiesce. Oui, j’ai besoin qu’elle me brosse dans le sens du poil, qu’elle joue le jeu et elle le fait, prononce les mots que je souhaitais entendre, d’autres qui me surprennent et elle doit bien le voir à mon regard qui se pose sur elle. Je ne lui en demandai pas tant et j’essaie de comprendre en cherchant dans ses yeux si ce sont des mots dit dans le vent, pour me faire plaisir ou s’ils sont réellement sincères. Ils le sont et j’en suis décontenancé. C’est pourtant satisfaisant, mais cette force dans ces mots… Ce n’est pas comme si cette fille était de passage, comme si elle me disait qu’elle avait envie de moi sans vraiment me connaître, sans que ça ait de l’importance. Elle me donne cette place spéciale dans sa tête. Dans son cœur ? Je ne préfère pas me poser la question, les réponses sont encore trop effrayantes. Pourtant, elle a su me toucher en plein cœur. Je coince son nombril entre mes dents, remonte au contact de son index sous mon menton, avec un sourire sur le coin de mes lèvres qui se retrouvent pressées contre les siennes. Je l’aide à me défaire de la chemise, pose ensuite mes mains sur ses cuisses dénudées, les remonte jusqu’à sa taille sur laquelle mes doigts se crispent, laissent des marques rouges derrière leur passage. Je me fraye un chemin entre ses jambes, pose à plat une main sur son dos, là où je retrouve l’agrafe de son soutien-gorge, couleur chair, que je défais habilement. Je l’en libère, prends le temps de l’observer alors que j’entends sa lingerie tomber au sol. « En cinq ans, t’es devenue encore plus belle, ma parole. » Un canon, cette fille, qu’importe que sa poitrine ne plaise pas à tous les mecs, qu’on la définit comme étant une planche à pain, à mes yeux, elle est tellement tout le contraire. « Profite de mes compliments. » Ce n’est pas mon genre d’en donner, mais là, ça vient du cœur. C’est une belle femme. J’agrippe son dernier vêtement, ce tissu que je fais glisser le long de ses jambes, tout en déposant des baisers en même temps ci et là, sur sa peau douce que je redécouvre. Le pantalon vient rejoindre le reste des vêtements et très vite, nos corps ne font plus qu’un. […] Ma main est appuyée sur le bar, tremble. Ma tête tourne. Ca n’a jamais été si intense qu’avec Leo. Je revois encore son corps se cambrer, ses lèvres s’entrouvrir… Et en règle général, juste après, je reprends toute ma fierté, paie les nanas qui m’ont donné ce que je voulais. A cet instant, j’ai juste envie de prolonger. Je pose mon index sous son menton, le relève, puis dépose un baiser sur le coin de ses lèvres. « Tu dors ici ? » dis-je, en passant une main sur mon cou en sueur. « Je dois bien avoir une place dans mon lit, pour toi. » J’essaie d’être le plus détaché du monde, mais j’ai envie qu’elle reste. Je n'aime juste pas l'exprimer comme il faut, ce serait admettre que j'ai besoin de sa présence, que j'en suis dépendant.

léo a jamais été aussi belle que dans ses bras. il est tellement différent de tous les autres qu’elle avait pu avoir depuis lui, qui agisse comme s’ils te faisaient une faveur en réalisant des prestations plus que médiocre. il prend soit de réveiller chaque petite partie de son corps… de son coeur aussi? elle ne cesse de sourire. vient laisser des traces de son passage sur sa peau comme il l’a fait précédemment, sans se contrôler, il ne lui appartient pourtant pas, elle le sait, elle en est consciente, il en trouvera probablement une autre demain pour la remplacer comme il a du le faire pendant qu’elle était pas là, elle avait perdu le droit de faire ça quand elle était partie non? une pointe de jalousie la traverse aux filles qui ont comblé le vide, son vide. elle a pas le droit de se sentir jalouse. elle a fait son choix. lourd de conséquences, qu’elle n’avait pas prévu. pourtant elle est belle et bien là, à s’abandonner de ses bras qu’elle connait si bien comme si rien ne s’était passé. essayant de faire taire sa culpabilité, ne pouvant taire l’effet qu’il lui faisait à chacun de ses gestes… elle a du mal à reprendre son souffle, elle pourtant plus que sportive. elle se tient au bar, tenant à peine sur ses jambes. il l’a épuisée et elle ne peut le cacher, elle écarte ses cheveux de son visage qui venait se coller à son front, prenant de grande respiration pour retrouver un peu d’air. elle devrait se rhabiller, partir. il allait lui demander de partir de tout façon, elle était pas assez bête pour croire qu’il pourrait lui donner une seconde chance, elle a juste besoin de reprendre un peu son souffle, et d’appeler un taxi. quelle heure il est d’ailleurs? est-ce qu’il ya encore des taxis à cette heure-ci. la déco à changer mais elle entend encore le tic tac de la même horloge qu’il y a cinq ans. elle a à peine le temps de voir l’heure qu’elle sent l’index du jeune homme se posait sous son menton, ses yeux se replante dans les siens. son corps est pas prêt pour un deuxième round, si c’est ça qu’il veut. c’est pas ça qu’il veut. elle ne peut cacher sa surprise quand il lui propose de dormir avec lui. ici. le palpitant dans sa poitrine se rappelle à son bon souvenir, diffusant une chaleur impossible dans celle-ci. « je… » elle est prise au dépourvu, elle allait lui sortir une de ses réponses cryptiques du genre “pourquoi pas, il est tard… j’ai pas envie de rentrer, je suis un peu fatiguée…” pour pas se mouiller, protéger son ego, son coeur… mais elle se reprend. non. pas cette fois. elle a déjà merdé une fois. il mérite mieux. «  si tu veux de moi, oui. » pas un je crois que oui. un vrai oui. un oui qui a du mal à sortir de peur de se prendre un violent retour de batons, mais un vrai oui. « par contre je vais peut-être prendre une douche, si ça te dérange pas… une fois que j’aurais retrouver l’usage de mes jambes je veux dire. » qu’elle ajoute, essayant de se détendre, essayant de paraitre détachée, comme lui.

Il n’y a aucune hésitation à avoir sur la réponse. Ca oui, que je veux d’elle. Incapable de poser des mots sur le fond de ma pensée, je me contente de déposer un baiser sur son épaule et d’appuyer ma tête contre celle-ci, le temps de récupérer mon souffle et la force suffisante pour l’entourer de mes bras et la soulever du bar, la garder contre moi et enfin me diriger vers la salle de bain. Je la repose par terre, me penche vers la cabine de douche et fais couler l’eau, dans l’attente que la température soit parfaite. Généralement, elle est brûlante, mais je fais attention à ce qu’elle soit moins chaude, pour son corps. Le mien supporte, la douleur n’est pas, le sien, je ne veux pas l’abîmer. Je sors deux serviettes du placard blanc et les pose non loin de la cabine, qu’elles nous soient rapidement accessibles. Je vérifie une dernière fois la température de l’eau et tire sur sa main, la mène jusqu’à l’intérieur où l’eau coule sur nos deux corps. J’attrape le gel douche, en verse sur ma main que je frotte avec l’autre et les fais glisser sur sa peau, en la dévorant du regard. Elle a cette petite marque sur son cou qui me fait sourire, c’est rouge, ça prouve que quelqu’un est passé par là, que j’ai marqué mon territoire. Son corps entier m’avait manqué. Elle. Je suis à deux doigts de lui demander de ne pas s’en aller, si l’envie lui prenait, à deux doigts de lui dire de ne pas refaire la même chose. D’ici quelques mois, même avant, June s’en ira. Elle a pris sa décision. Je vais me retrouver comme un con, alors évidemment que je veux qu’elle reste. « Tourne-toi. » souffle-je, en l’incitant à se retrouver dos à moi. Je pose mes mains sur son dos qui mousse, ses bras, descends le long de son corps, jusqu’à ses pieds qui moussent aussi et remonte sans perdre le contact avec sa peau. Mes bras s’enroulent autour de sa taille, se resserrent autour d’elle et j’enfouis mon visage au creux de son cou. « Reste. » que je dis, en m’efforçant de ne pas le dire sur un ton désespéré. Pourtant, c’est bien ce que j’ai l’impression d’être, désespéré. « Je vais avoir besoin de toi. » J’ai déjà besoin d’elle. C’est tellement plus facile de le dire quand elle ne me regarde pas, quand je n’ai pas ses yeux pour me juger, pour me dire que je ne devais pas prononcer ces mots-là. Je n’ai pas l’habitude. Je ne le fais quasi-jamais. Sauf avec June, ces derniers temps, parce qu’elle m’échappe des mains, que je ne sais plus quoi faire pour la retenir, alors adieu la fierté, l’égo. Il n’y a qu’en me montrant vulnérable que j’ai l’impression de me faire comprendre, mais même avec ça, c’est fichu. Le retour de Leo, cette rencontre, c’est comme si… Comme si ça devait se faire, comme si on m’aidait à relever la tête. On l’a mise sur mon chemin. Si j’étais croyant, c’est ce qui me viendrait à l’esprit, mais je ne le suis pas, alors à mes yeux, ça ressemble à un pur hasard qui tombe bien. « Ne te barre pas comme la première fois, merde. Je te le demande, encore, mais ne me le fais pas regretter. » Faut qu’elle reste, qu’elle me donne la certitude qu’à l’instant, je ne suis pas un gros naze qui va se prendre un vent.

léo s’ouvrir aux autres, ouvrir son coeur, elle sait pas faire, à part derrière sa batterie. elle veut pas une de ses nanas dans les films qui sont fragiles qui vivent que par et pour les hommes, elle veut pas être faible, elle s’y refuse. pourtant elle essaye, de s’ouvrir un peu plus, de pas refaire les mêmes erreurs, elle veut pas souffrir à nouveau d’avoir fait le mauvais choix, de pas avoir essayer assez. elle veut pas le faire souffrir à nouveau non plus. direction la salle de bain douche bien méritée, dont ils avaient tous les deux besoin à priori. elle le regarde s’occuper des serviettes et de la température de l’eau, elle adossée à la cabine de douche, le regardant faire sagement. se surprenant à penser qu’il était encore plus beau que dans ses souvenirs. elle s’abstient de le lui faire remarquer même si elle peut difficilement le cacher dans son regard bleu azur. il l’entraine dans la douche. elle le suit. se laisse faire non sans lâcher un petit « tu sais je sais encore comment me laver toute seule? » elle le bouffe du regard comme si c’était la première fois qu’elle le voyait. se mord la lèvre à le voir sourire en regardant son cou. il lui demande de se retourner, elle fronce les sourcils un peu confuse et s’exécute. un peu décontenancée, elle passe sa main dans ses cheveux. se laisse faire, encore une fois. puis il l’entoure de ses bras. elle y est si bien. elle pose sa tête contre celle du brun qu’il a enfoui dans son cou, les yeux baissés vers le sol, il lui demande de rester, qu’il va avoir besoin d’elle. elle pose ses mains sur les avant bras autour de sa taille, les caresse du bout des doigts, se calant un peu plus tout contre lui. elle a l’impression d’être minuscule dans ses bras, elle a l’impression d’être protégée et que rien ne peut l’y atteindre. sans s’en rendre compte, elle reste silencieuse, bien trop longtemps. si bien qu’il lui rappelle comment ça c’est passé la première fois. ses doigts se resserre sur ses avants bras, instinctivement, sans le vouloir sans trop le contrôler. elle ferme les yeux. ravale son ego, sa fierté, ses peurs et tout le tralala et répond tout doucement. « je vais nulle part… je suis bien là où je suis. » là tout de suite dans ses bras. là à biarritz où elle retrouve son inspiration, où elle se sent revivre. mais elle a le sentiment que c’est pas suffisant. qu’il y a toujours une partie de lui qui lui en veut énormément encore. ”son égo” cassé qui parle encore pour lui. elle soupire. finalement c’est une bonne chose qu’il lui ait demandé de se retourner, c’est plus facile pour elle aussi de lui dire ce qu’elle a à lui dire de dos. sans voir son visage. « j’ai merdé une fois… je veux pas recommencer… je… pardonne moi loeiz. » si elle était de face, il aurait eu le droit à son regard triste, de chien battu, pas pour l’attendrir juste parce que c’est ce qu’elle ressentait. elle réouvre les yeux, elle a son regard triste dans le vide, digne d’une scène dramatique sous la pluie dans les films à l’eau de rose quand la protagoniste pense avoir perdu l’amour de sa vie, les vêtements en moins.

Ca devrait me soulager, mais… Non. Elle était bien autrefois, lorsqu’elle passait l’été avec moi. Elle était bien dans mes bras et pourtant, elle est partie sans se retourner, alors je ne suis pas rassuré de ce qu’elle avance. Le silence est d’or et elle a sans doute compris par celui-ci que je n’étais pas satisfait. Ca me surprend tellement que je relève la tête, l’observe de dos. Elle me demande de lui pardonner son départ. Qu’est-ce que ça signifie au juste ? Nous deux. Je pose mes mains sur ses épaules, m’accroche à eux comme si ma vie en dépendait. « Leo… » Si je lui pardonne ? Evidemment. Est-ce qu’elle a besoin de l’entendre ? Pas vraiment. « Où est-ce qu’on va ? » demandé-je, en l’obligeant à me faire face. C’est plus difficile de parler lorsqu’elle me fait face. Je suis le mec le plus hypocrite du monde, celui qui peut mentir aux gens les yeux fermés, en souriant, sans avoir une mauvaise conscience par la suite. Tout le monde m’insupporte tellement. L’irritabilité de la tétraplégie de June, mais pas que. S’attacher n’est pas la bonne solution. Il n’y a qu’à voir comment j’en bave avec June, avec Leo. J’ai besoin d’elles. J’ai besoin de Leo pour tenir le coup. En quelques heures à peine, je me suis énormément reposé sur elle, à me montrer moi, le vrai moi, sans le chantage à côté, sans toute la haine, la rancœur que je peux ressentir contre le petit Faure. Il est pourtant là, mais je l’ai mis en stand by pour me focaliser sur cette femme que je redécouvre. « Il y a des choses qui se sont passées depuis ton départ. » Je lâche un soupir, passe ma main sur ma nuque pour me détendre un peu. « Qu’est-ce que tu veux ? » Moi je sais ce que je veux. C’est elle. Mais ce n’est pas compatible avec le petit Faure et sa copine. « J’suis qu’un sale type. » Bordel… Ce n’est pas pour me faire plaindre que je sors ça comme ça, sans prévenir, c’est parce que c’est vrai. Je suis bien différent face à Leo. Je lui veux du bien à cette nana. Pas trop de connerie, pas de piège pour la faire souffrir, pas de manipulation, rien de tout ça. Sauf que je suis tellement obnubilé par ma vengeance envers mon frère que je ne peux pas me permettre de tout lâcher en claquant des doigts, sous prétexte que j’ai retrouvé des bras qui me font du bien. « Je ne fais pas du bien autour de moi, Leo. » Il n’y a pas seulement les magouilles, les affaires illégales, il y a tout le reste. Bétina qui me paie en échange de mon silence, qui fait de la compagnie à certains mecs pour avoir de quoi me donner ce que je veux, la petite amie du cadet Faure qui est emprisonnée dans mon portable, avec des vidéos, des photos, pour la garder entre mes mains. Je ne suis pas un gars bien. Et j’en ai rien à faire, ça ne me fait ni chaud ni froid. Ils sont en galère. Je suis leur bourreau, en quelque sorte et ça me satisfait. « Tout le monde te le dira. Ou non, ils te diront le contraire tant ils ont la trouille. » Des représailles, de ce que je pourrais faire.

léo putain on avait dit que t’arrêtais de pleurer. c’est pas toi, ça de pleurer comme ça. elle connait ce silence, ces mains qui se posent sur ses épaules. ce “Leo” là, elle le connait. elle sait que ce qui va suivre va pas lui plaire. elle sent son coeur qui était grand ouvert se refermer en fracas. sa mâchoire se ressert, ses sourcils se froncent. il lui laisse pas le temps de répondre, il la fait se retourner pour lui faire face. elle le regarde faire. elle l’écoute lui dire qu’il est pas un gars bien. elle plante son regard dans le sien à nouveau. toutes les petites lumières qu’il y avait rallumé plus tôt c’était éteinte. panne de courant générale. elle se mord les lèvres. elle essaye de rester impassible, de ne rien laisser entrevoir, mais son visage a toujours été beaucoup trop expressif. « tu fais quoi là loeiz? » sa voix est trop fragile à prononcer cela. elle s’agace d’elle-même de sa faiblesse. elle sert le poing. « j’avais raison en fait. » elle rit jaune, sentant sa poitrine comme dans un étau. elle se recule d’un pas, très petit pas. «  t’as eu ce que tu voulais. je suis tombé dans le piège comme une conne. tu m’as baisé, tu m’as demandé de rester, j’ai accepté et maintenant tu veux que je partes. tu veux que je souffre pour être partie la dernière fois. félicitations, je l’ai pas vu venir. bien joué. chapeau. » elle tremble. elle peut pas le cacher.  il en faut beaucoup pour la faire devenir vulgaire dans ses propos pourtant. les larmes viennent se joindre aux gouttes d’eau qui ont parsemé son visage sous la douche. « qu’est ce que je veux? toi c'est toi que je veux. espèce de !!!!! » elle rage, ne trouve pas de mots. « qu’est ce que j’en ai à foutre de que tu as fait après mon départ.  c’est du passé. t’es un sale type, et alors? t’es pas un sale type avec moi. du moins je pensais pas. j’ai du lourdement me tromper. mais eh c’est cool. on est ex aequo j’imagine. c’est bien. t’as gagné. » elle ne tient plus elle sort en trombe de la cabine de douche, fébrile, attrape une serviette. impossible de craquer encore plus devant lui. elle sort de la salle de bain. elle a envie de hurler. elle a besoin de hurler. elle tremble de plus en plus. pleure de plus en plus. comment avait-elle pu être aussi conne. elle n’avait pas plus de cervelles que ces pauvres filles dans les films. comment avait-elle pu croire un seul instant qu’elle pourrait avoir un happy end. pauvre idiote. t’es vraiment blonde quand tu t’y mets. pathétique. elle ramasse ses vêtements. il faut qu’elle se rhabille. il faut qu’elle parte c’est la seule chose à faire. comment va-t-elle rentrer. plus de taxis à cette heure-ci. sa moto est restée à la « fête », elle est prise à son propre piège. idiote et naïve petit léo, n’étais-tu pas censé avoir grandi depuis le temps, muri. t’as vraiment merdé sur ce coup là ma cocotte.

Je prends peur. C’est ça que je fais. Leo ne me laisse pas en placer une, elle parle, les yeux rougis, crois des choses qui… qui ne sont pas réelles. Des choses qu’elle ferait bien mieux de croire, ce serait bien plus simple. Je prends sa remarque en plein cœur : elle me veut. Pas pour une nuit, j’imagine, pour plus que ça. Comme… Comme un couple. En cinq ans, je n’ai jamais tenté de me poser avec une nana. Je n’en ressentais pas le besoin. Etre deux, c’est un peu trop complexe pour moi, mais je sens bien qu’elle est en train de m’échapper et que si je ne me bouge pas de la cabine pour la rattraper, il est fort possible que je ne la revois pas avant un bon moment. Je sors, m’enroule d’une serviette, la rejoins dans le salon et tends le bras pour happer le sien. « Eh, oh, tu vas pas te barrer comme ça. » Sur cette mauvaise note, sans que je n’aie eu le temps de rétorquer quelque chose. Ses larmes ont de nouveau pris place sur son visage, à cause de moi, pour ne pas changer. J’ai une sacrée tendance à tout faire de travers lorsque ça la concerne. « Putain Leo… Je t’ai pas amené ici pour te sauter et te jeter, qu’est-ce que tu vas imaginer là ? Je suis une pourriture, mais pas au point de te faire un truc pareil, pas à toi merde. » Je tiens à elle. Un peu trop. J’ai du respect pour ce qu’elle est, pour sa personne entière. Je ne suis pas très adroit, je n’ai pas les bons mots pour l’apaiser. Ou si, je les ai, ils sont là, sur le bout de la langue. Je mords mes lèvres, effleure son visage avec mon pouce, efface quelques larmes. « Pleure pas. » Pas pour des choses qui ne sont pas vraies. « Je ne suis pas le type le plus parfait, tu le sais ça ? » Je ne risque pas d’être à la hauteur, de faire ce qu’il faut, quand il faut. Elle ne risque pas d’apprécier ce qui se dit à mon sujet, ou de faire avec, tant qu’il n’y a rien qui change entre nous. Mais c’est déjà le cas, tout est en train de changer. Notre relation n’a jamais été officielle, est-ce qu’elle le devient ? C’est ce qu’elle veut ? « Tu sais au moins dans quoi tu t’engages avec moi ? » Parce que moi, je n’en ai aucune idée. Dans quoi est-ce que je suis en train de m’engager là ? Une relation sérieuse, quelque chose comme ça, avec les fleurs, les chocolats ? Toutes ces choses auxquelles j’ai tiré un trait depuis longtemps ? Je n’ai même pas le souvenir d’avoir été aussi attaché à quelqu’un. « Je ne veux pas que tu souffres Bébé. » Ce petit surnom… mielleux ? Elle le connait bien, pourtant. Ce n’est pas la première fois que je l’utilise pour l’appeler. Je fais un pas vers elle, place une main sur sa taille. « Je tiens trop à toi, tu n’as pas encore compris ? Tu devrais pourtant le savoir. » C’est bien la seule à qui je propose de dormir dans mon lit, avec moi. Ca n’arrive jamais. « Alors quoi… On tente le coup ? » L’occasion est là, comme cinq ans plus tôt. A la différence qu’à l’époque, je sentais que je pouvais plus ou moins gérer correctement les choses. Là, c’est comme si j’avais tout à apprendre.

elle a enfin fini de ramasser toutes ses affaires quand la main de loeiz prend en otage son bras, faisant tout retombé. heureusement que sa serviette au moins était bien nouée autour de sa poitrine. elle s’est suffisamment mise à nue littéralement comme métaphoriquement devant lui pour la soirée. elle a assez souffert. “tu vas pas te barrer comme ça” pourquoi pas loeiz? t’as eu ce que tu voulais non? donne moi une bonne raison de rester. regarde moi dans les yeux et dis moi que je me fais des films et je te croirais, comme une conne parce que j’ai besoin d’y croire. elle reste silencieuse, le toisant du regard, le visage fermé, la mâchoire serrée les yeux embués de larmes. c’est trop fort ce qu’elle ressent pour lui, elle arrive pas à le contrôler, ça l’énerve, ça la frustre, ça l’effraie.  elle finit par fuir son regard, posant ses yeux sur n’importe quoi sauf sur lui, sur son visage. elle a envie de lui demander, qu’est qu’il attend d’elle, qu’est ce qu’il veut. mais ses lèvres reste scellée, interdite. elle se mord la lèvre quand elle sent son pouce effleurer sa joue, effacer ses larmes, toujours le regard tourné vers ailleurs. pleure pas. c’est plus facile à dire qu’à faire. elle arrive pas à arrêter ce putain de flot sur son visage. elle essaye d’arrêter, elle fait que ça.  « loeiz à quel moment j’ai exprimé le besoin que tu sois parfait? tu crois que je suis parfaite moi? » moi qui prend peur au moment où je me sens tomber amoureuse, où je me sens vulnérable face à la force de mes sentiments. moi qui suit partie sans dire au revoir. « non je sais pas. pas plus que toi… la seule chose que je sais c’est que même si tu me rends faible et que je déteste ça… je déteste encore plus ne pas être avec toi. » et te savoir avec d’autres… mais ça elle ne le dit pas. elle a pas le droit d’être jalouse, elle est personne pour être jalouse. elle aussi paumée que lui. elle veut juste qu’il la prenne dans ses bras, qu’il la sert fort contre lui. si fort qu’elle en oublie toutes ses craintes. il l’appelle bébé, elle se revoie des années en arrière, pleine de son innocence de l’époque, le sourire aux lèvres, dans ses bras où elle était si bien. elle repose son regard sur lui. les larmes ont arrêtées de couler. « tu sais… pendant cinq ans j’ai passé mon temps à construire une forteresse en béton armé autour de moi et… t’arrives et tu détruis tout en un souffle comme si c’était fait de vulgaires plumes… je déteste ça… » métaphore pondu par son cerveau de parolière musicienne. elle essaye de mettre des mots sur ses sentiments qu’elle ne comprend pas elle-même. en guise de réponse, elle se hisse sur la pointe des pieds, posant ses mains à plat sur son torse et dépose délicatement ses lèvres sur celle du brun. un geste vaut mieux que mille paroles.

Non, je ne le crois pas et je m’en fiche. C’est bien ce qui me plait d’ailleurs, qu’elle soit imparfaite, qu’elle ait des failles, qu’elle ne fasse pas tout comme il faut, qu’elle ne reste pas sur un droit chemin bien tracé. J’en ai assez vu des nanas avec les relations de mes parents. Trop propres sur elles, trop dans l’apparence, suivant les traces de leurs familles et c’est avec l’une d’entre elles que mon père me voit, que ma mère aimerait que je sois. Une avec une bonne carrière devant soi, qui soit assez intelligente pour me remettre sur le bon chemin, mais ce n’est pas ce qui m’attire. Celles qui sont fêtardes, qui n’ont pas froid aux yeux, elles ne m’attirent pas non plus. Y’a juste Leo. Leo est particulière, plonge tête baissée. Elle se dévoile. Elle est effrayée, comme moi, pourtant elle me dit ce qu’elle ressent. Je ne peux pas faire semblant de ne rien entendre, ne rien répondre, la laisser comme ça sans y mettre du mien. Je ne suis pas doué pour exprimer ce que je ressens, alors je la laisse continuer, sentant mon cœur battre un peu plus fort à chaque mot prononcé, à chacun de ses gestes. Ce baiser, cette main sur ma peau. Il n’y en a vraiment aucune autre qui arrive à me faire ressentir tout ça. Je me rapproche, supprime la distance, profite du baiser partagé qui rempli le vide qui commençait à s’installer rien qu’à l’idée qu’elle puisse s’en aller. « Si ça peut t’aider à aller mieux, tu réussies à faire exactement la même chose. » J’avais cru que c’était terminé, que je m’étais sorti de notre histoire avec brio, mais c’était des bêtises que je me plaisais à croire. C’était plus facile, qu’admettre que je m’étais épris d’une femme. « On tente le coup. Je n’ai pas envie que tu m’échappes une nouvelle fois et même si ça me fout la trouille, même si je ne suis pas bien certain de bien m’y prendre à deux, je sais que je veux être avec toi. Tu me fais ressentir des choses complètement insensées… » Que je ne comprends pas, qui sont bien trop immenses pour pouvoir poser des mots dessus. Peut-être qu’il y en a, qu’ils existent, certainement, mais je n’ai pas envie d’y réfléchir. « Tu es l’une des rares personnes à savoir me faire mal… Même après des années passées sans toi, t’as ce truc que toutes les autres n’ont pas. » N’importe qui pourrait être mal à l’aise, pourrait prendre la tangente et je pourrais bien le faire aussi. C’est effrayant de savoir qu’une autre femme que ma meilleure amie peut faire ça. « Et j’adore ça. » Mais c’est tellement bon d’avoir mal, de ressentir des choses, contrairement à la douleur physique que je ne ressens pas. « Je suis tellement enragé. En colère contre tout le monde. Tu arrives à me détendre. » A faire ce que tout le monde n’arrive pas à faire. Je passe ma main sur son visage, capture quelques mèches de ses cheveux et les place derrière son oreille. « Ca aura mis le temps qu’il aura fallu, mais j’ai bien envie qu’on se lance… Qu’on voit ce que ça peut donner d’être… ensemble. » Ce dernier mot sonne tellement bizarrement dans ma bouche. Je ne l’ai encore jamais dit à personne. C’est une première. Je suis habitué aux premières fois avec Leo.

leo a beau être volcanique la plupart du temps, ne se laissant pas marcher sur les pieds, se déchainant sur sa batterie, s’énervant pour un rien. avec lui, elle est tout juste un petit papillon,  beau mais fragile, au toucher tout doux, léger, à peine effleuré. leurs lèvres se détachent. il prend la parole. un léger sourire se dessine sur ses lèvres. c’est plaisant à entendre surtout qu’elle sait très bien qu’il n’est pas du genre à faire des déclarations. comme elle d’ailleurs mais elle lui devait bien ça. elle l’écoute parler et ne peut s’empêcher de lâcher un léger rire, parce qu’il dit exactement ce qu’elle ressent elle aussi. elle se dit qu’ils sont bien mal barré tous les deux, qu’ils sont bien mal barrés. sa main se prend à remonter instinctivement le long de son coup, puis sur sa joue, du bout des doigts. elle passe sa main dans ses cheveux bruns encore mouillés, avec une tendresse qu’elle ne se connaissait pas, qu’elle n’employait pas avec d’autres que lui. « je veux pas te faire de mal…  je veux dire j’ai jamais voulu t’en faire, mais je veux plus t’en faire. » elle sait pourquoi il dit ça mais ça la chafouine, ça la dérange de savoir qu’elle lui a fait du mal. même s’il dit adorer ça. elle veut pas être la personne qui blesse les gens. enfin sauf si ils ont blessés quelqu’un à qui elle tient, dans ce cas, elle n’a aucune pitié, elle reforme sa barrière de glace beaucoup plus effrayante quand dans la reine des neiges. ses doigts continuent de parcourir son visage, ses cheveux, sa nuque se refusant à se détacher de lui. elle a été suffisamment détacher de lui pendant cinq ans, ses mains semblent vouloir rattraper le temps perdu. « tu sais il parait que je suis super bonne en massage maintenant, si t’as besoin de te détendre. » qu’elle dit pour essayer de détendre l’atmosphère. en tournée ils faisaient des queuleuleu de massage comme les singes, pour se détendre mutuellement, elle avait pris le coup de main. « je crois qu’on va pas être très doué et qu’on va galérer mais… ça va valoir le coup. j’en suis persuadée. même si je dois t’avouer que j’ai absolument aucune idée de comment faire tout ça. mais tant que je suis avec toi ça ira. » parce que même si elle arrive pas à contrôler tout ce qu’elle ressent quand elle est avec lui, au moins elle ressent des choses, elle se sent vivante, elle se sent inspirée aussi, elle pourrait écrire des tonnes de chansons à cet instant précis. elle se rend compte petit à petit que c’est de lui dont elle a besoin, c’est pas biarritz qui lui manquait à londres, c’était lui. il la reveille. il la sublime dans tous les sens du terme. elle sent un frisson lui parcourir le dos et semble se souvenir enfin qu’elle n’est habillé que d’une vulgaire serviette. elle hausse les sourcils en relevant son regard vers le visage de loeiz. « ça te dérange si on continue cette discussion dans ton lit… je commence à avoir froid… » elle est génée de demander ça, elle en rougirait presque, d’ailleurs peut-être qu’elle rougit, elle n’a pas de miroir en face d’elle pour le constater. malgré tout ce qu’ils viennent de se dire, elle a tout de même peur de se prendre le râteau du siècle.