(Leo) Des retrouvailles

« C’est simple. T’as qu’à arrêter de me fuir. » C’est tout ce dont j’ai besoin. Qu’elle ne prenne plus la fuite, qu’elle ne laisse pas la peur prendre le dessus sur ce qu’on peut vivre ensemble et pourtant, j’ai ma tête qui me demande de prendre mes jambes à mon cou moi aussi, tant c’est fort, tant j’ai pas l’habitude d’être face à ce genre de ressentis, mais je sens bien que j’ai ma place et que je pourrais le regretter si je ne fonçais pas dans cette histoire. « Et t’en as massé beaucoup des comme moi ? » Une pointe de jalousie montre le bout de son nez. Evidemment qu’elle a eu d’autres expériences, comme moi j’en ai eu. En cinq ans et avec tout le talent qu’elle a, sans oublier son charme naturel, elle a dû en attirer des gars, mais elle a dit une chose, précédemment, que je n’oublie pas. C’est mon nom qui sortait lorsqu’elle était accompagnée et ça me suffit amplement. Ils n’avaient aucune chance. « Je veux bien être ton nouveau cobaye. » dis-je, en hochant la tête. Je ne peux qu’être d’accord : ça vaut le coup de se jeter dans la gueule du loup. « On peut apprendre ensemble. On se fera forcément un peu de mal, si on ne s’y prend pas de la bonne manière. » Faut juste… se le dire ? Communiquer ? Se prendre la tête ? Des choses que je ne fais jamais, parce que si ce n’est une relation que je n’ai pas pris au sérieux, je n’ai pas d’expérience en matière de relations sérieuses. Quand je regardais les petits couples dans la rue, ça avait le don de me dégoûter. Ceux qui se regardent avec des yeux amoureux, qui se sourient bêtement. Je sais que je suis l’un de ceux-là lorsque je suis avec Leo. « Mais je pense qu’on peut passer au-dessus de tout ça. Ce n’est pas comme si on n’avait peur de se crier dessus. » On se dit les choses, à notre manière. Je n’utilise pas toujours les bons mots et il va me falloir un certain temps pour m’exprimer correctement. Je ne serai donc pas le petit ami parfait et ce serait inquiétant si jamais je le devenais, mais ensemble, ça peut donner quelque chose de bien. Je passe mon bras autour de ses épaules, embrasse sa tête et la guide vers la chambre. J’attrape une de mes chemises dans l’armoire et la lui met sur le dos, en faisant glisser sa serviette le long de son corps. Elle est un peu trop grande pour elle, mais cette tenue lui donne un air sexy. « J’ai encore un peu de mal à me rendre compte. Je veux dire… Y’a quelques heures encore j’étais seul et loin de m’imaginer que j’allais te retrouver, alors… C’est complètement dingue. » Je tire sur sa main, la mène jusqu’au lit où je rabats la couverture, les draps. C’est nouveau pour moi. L’exclusivité. Mais ça ne me manquera pas. Ca me change d’être avec une femme pour qui j’ai du respect. Leo, je lui souhaite que du bien. « Il va presque me falloir un mode d’emploi pour ne pas tout foutre en l’air. » Je ne le souhaite tellement pas.

« si y a que ça, je crois que c’est dans mes cordes. je devrais pouvoir y arriver assez aisément. » elle n’a aucune envie de partir. elle a eu plus d’une fois envie pendant la soirée, mais pas maintenant. là tout ce dont elle a envie c’est d’être dans ses bras, tout simplement. elle sent la pointe de jalousie dans sa voix quand il lui demande si elle en a massé beaucoup des comme lui. elle laisse échapper un léger rire. « des comme toi, aucun. et les seuls personnes que j’ai massé c’était ceux… voire même celles avec qui je suis partie en tournée… y avait rien de sexuels là dedans, juste une file indienne de gens crevés en tournée en fait… je masse pas n’importe qui. » oui elle a eu d’autres hommes, quand le besoin se faisait ressentir mais c’était juste ça, un besoin, presque primaire, ça s’arrêtait là, y avait pas de gestes tendres à coté. elle y arrivait pas avec d’autres en vérité. elle préfère ne pas penser aux nombres de filles qu’il a pu avoir en cinq ans. elle aurait surement des envies de meurtre à y penser. elle préfère lui sourire quand il annonce vouloir faire office de cobaye. puis ils se montrent tout aussi paumé l’un que l’autre en matière de relation sérieuse. les ayant fuit comme la peste. « je peux pas te promettre de pas pleurer, faudra… ignorer, je sais pas. je suis pas habitué à pleurer, je sais pas ce que t’es censé faire si je pleure, tu te débrouilles. » ajoute-elle en grimaçant. ça promet d’être mouvementé tout ça, se dit-elle. « … je te promets de gueuler plutôt que de prendre la fuite si ça devient… trop? » elle risque pas d’être la petite amie parfaite non plus, elle restera pas à attendre, en battant des cils qu’il lui fasse des cadeaux et qu’il aille lui décrocher la lune, elle peut se les faire elle même les cadeaux, elle ira se la chercher elle-même la lune si elle en a envie. elle restera pas à attendre désespérément qu’il l’appelle en premier si elle a envie de lui parler. elle attendra pas de lui qu’il soit le prince charmant, c’est pas ce qu’elle lui demande. il l’entraine vers la chambre et l’habille d’une de ses chemises. ça la change. pas habitué à tout ça elle tente un trait d’humour. «  avoue, elle me va mieux qu’à toi cette chemise. » elle sourit de toutes ses dents comme une gamine. « tu sais qu’à l’origine, je pensais rentrer seule ce soir… je veux dire je rentre toujours seul, je ramène personne chez moi mais… j’étais juste venu là pour puiser un peu d’inspiration et passer la nuit à écrire. c’est bizarre... » un bon bizarre cependant. un très très bon bizarre même. elle se glisse dans le lit et pousse un léger soupir de contentement à se sentir tout d’un coup réchauffer. elle s’installe, ça lui fait tout bizarre, elle est pas habitué à être dans le lit d’une autre personne. encore moins d’un homme. «  écoute si tu le trouves le mode d’emploi, tu me le passeras aussi, parce que je crois bien que je suis complètement paumée… » elle sait pas ce qu’elle est censé faire en fait. elle est assez mal à l’aise. avant de plonger complètement dans l’embarras et le silence, elle décide qu’il est temps de la masser comme proposer précédemment. « tourne toi. » il se met sur le ventre et elle se met à califourchon sur son fessier, gardant la couverture sur elle pour ne pas attraper froid et commence à le masser doucement, elle est douée. c’est son talent caché. après, elle peut pas s’empêcher de venir déposer quelques baisers sur sa joue, son cou, son dos, au passage. si après ça il est pas détendu, elle ne saura plus quoi faire.

C’est tout ce dont j’avais besoin et elle me le dit. Elle n’ira pas au bout du monde, ne me fuira pas et ça me rassure : je ne suis pas doué pour rattraper les gens, je les laisse filer pour éviter de chercher au fond de moi ce que je peux bien ressentir, mais j’apprends, avec Leo, à dévoiler une autre facette. Celle qui est jalouse des mecs qu’elle peut fréquenter. Ca aussi, c’est nouveau. « T’as fait beaucoup de choses ces dernières années. » Ses tournées, sa musique. J’en entendais parfois parler, certains étaient même fiers d’avoir adressé la parole, d’avoir plaisanté avec une fille devenue connue dans le monde, quand moi j’essayais de ne pas y faire attention, de ne pas lire certains articles à son sujet, qui la mettaient en avant, qui la critiquaient selon les points de vue. Il y en a toujours pour bavasser. C’est la relation qui a le plus compté, alors forcément. Elle me provoque quelque chose de fort. Quand elle pleure, c’est la même chose… Je me moque bien des filles qui pleurent, mais Leo, je ne veux tout simplement pas la voir dans cet état. Je ne suis pas à l’aise, je ne sais pas comment gérer la situation, quoi faire, mais je sens qu’il faut que j’agisse, que je la réconforte. Je vais bien trouver le truc qui transformera ses pleurs en sourire. Je vais bien trouver quelques mots qui ne seront pas maladroits. « Ca me va. Je te promets de te répondre si tu m’envoies des horreurs à la figure. » C’est ce qui nous sauve : on se connait tellement bien, on n’en est pas à notre première rencontre, on ne sera pas à notre première prise de tête, alors je sais qu’au moindre problème, elle n’hésitera pas à l’exprimer, comme elle l’a fait précédemment en partant de la douche. Une fois dans la chambre, je l’observe avec cette chemise, lâche un rire. « Et tu crois que je vais te répondre ? Tu vas y prendre goût à force. » Cette chemise lui va bien, ça n’a pas le même effet que lorsqu’elle est sur moi et ça marque un peu plus mon territoire. « Je sais… Ce n’était pas prévu du tout. J’y ai tellement réfléchi, à ces retrouvailles et à chaque fois, ça ne se terminait pas… pas comme ça. » Mal, faut le dire. J’étais tellement en colère contre elle, son départ. J’étais loin de penser que j’allais laisser mes sentiments prendre le dessus sur tout le reste, loin d’imaginer qu’elle serait dans mon lit ce soir et qu’elle serait surtout à moi. Je me tourne comme elle me le demande, croise les bras et pose ma tête dessus, les yeux fermés. Ses mains sur mon dos me détendent sans difficulté, ses baisers aussi, elle doit bien s’en rendre compte avec le soupir de contentement qui s’échappe. « Y’a pas à dire, t’es douée de tes mains. » Je pose une main sur sa jambe, la caresse du bout des doigts, de mon pouce. « On peut agir normalement, simplement. Qu’est-ce que ça change ? Si ce n’est… plus de plan ailleurs. Quand tu passais tes étés ici, on passait notre temps ensemble, ce n’est pas comme si on n’était pas habitué à se voir régulièrement. » Se dire qu’on forme un couple peut mettre la pression, c’est plus officiel. J’essaie de nous mettre à l’aise, mais j’ai bien l’impression de faire les choses de travers, de ne pas dire les mots justes. « Y’a des choses que t’attend de moi ? » Mais peut-être bien qu’il y a des « règles ». La seule que j’exige, que je n’aurais jamais demandé sans être avec elle, c’est d’être le seul. Il y a bien des gens qui sont libertins, qui partagent et ça aurait pu être mon cas si je ne prenais pas les choses avec tant de sérieux. Mais pas avec Leo.

elle sait pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose cette phrase, t’as fait beaucoup de choses ces dernières années. était-ce un reproche? elle arrivait pas à savoir. elle baisse les yeux, en proie à une vague de culpabilité qui lui serre la poitrine. elle n’en montre rien même si jude en la voyant ainsi saurait que quelque chose cloche tant il la connait. mais loeiz, il est pas forcément habitué à lire en elle. et puis, elle le méritait après tout. puis la conversation s’allège tandis qu’ils essayent tous deux de gérer ce dans quoi ils sont en train de se lancer tête baissée. c’est complètement fou, mais néanmoins grisant comme sensation. ensuite il lui met sa chemise et elle fait la vantarde pour dissimuler sa… gêne? face à cette situation. « je prends ça pour un oui » répond t-elle, un grand sourire aux lèvres en haussant les épaules. il dit avoir réfléchi à comment aurait pu ou du se passer leur retrouvailles et à quel point la réalité était différente des scénarios alors envisagés. elle grimace. « j’aurais beaucoup moins aimé ce que t’avais en tête non? » ça la tracasse mais elle n’en laisse rien paraître. elle se fait pardonner en lui offrant, enfin, le massage dont elle avait parler plus tôt, agrémenté de baisers et de caresses, tout le long de son dos offert. elle sourit quand il complimente ses capacités avec ses mains. frissonne légèrement quand il vient caresser sa jambe. elle continue ses massages, arrivant au bas de son dos. elle hoche la tête meme si évidemment il ne la voit pas étant allongé sur le ventre. même si elle reste dubitative. « que tu me fasses prendre mon pied aussi souvent que possible? » tente-t-elle de plaisanter, elle plisse les yeux. « ouais non je suis pas douée avec les mots crus je te les laisse. » ajoute-t-elle partagé entre amusement et gêne. « juste une chose… » mon dieu que c’est dur à demander, sa pudeur et son ego se battant contre son cerveau et sa bouche. « si tu… si tu comptes coucher avec d’autres femmes… je veux pas le savoir. je veux pas, sentir leur odeur, je veux pas, en entendre parler, par toi, par elle, par hasard au détour d’une conversation, trouver ses sous-vêtements chez toi ou tomber sur elle en te rendant visite. je veux pas trouver des traces de leur passage sur sa peau. je veux pas que tu me mentes mais je veux pas le savoir, je saurais pas le gérer. » elle rougit, regarde par la fenêtre, heureusement qu’il est toujours dos à elle. c’est pas elle d’être jalouse, pourtant c’est ce qu’il fait d’elle. et c’est aussi frustrant que c’est bon. « et toi? »

« Franchement, oui. » Elle n’aurait pas aimé et avec le temps, j’aurais fini par le regretter. Je ne regrette rien, habituellement, je ne le souhaite pas, c’est trop de tracas, mais la concernant, il se pourrait que j’apprenne la définition de ce mot. « Mais… C’est parce que j’étais en colère, Leo, j’étais grave en colère. » Et aussi parce qu’elle n’était pas face à moi, à me décontenancer complètement. Ce n’est pas la même chose, je l’ai appris sur le moment. Si je ne suis pas doué pour m’exprimer, pour lui faire prendre son pied, ça en revanche, ça peut se faire sans problème. « T’appelles ça des mots crus ? » Je lâche un rire, trouvant ça plutôt soft. Il m’en faut bien plus pour me choquer, elle le sait, elle est habituée à mon langage de bourrin, parfois. Je ne mâche pas mes mots, ce n’est pas pour autant que je n’ai pas de respect pour elle. Pour les autres, c’est une autre paire de manche, j’en ai aucun, de respect et qu’est-ce que ça peut bien faire ? Tant que je ne me montre pas comme le premier des connards avec Leo, tout va bien, non ? « Hmm. » Mes yeux qui étaient fermés il y a quelques secondes encore se rouvrent soudainement dès lors qu’elle commence son monologue. Je tourne la tête, mais dans cette position, impossible de voir autre chose que son bras, ou ses cheveux, alors je me redresse assez pour la faire basculer, lui faire face. « Sans problème. Je m’arrangerai pour aller chez elle, les baiser sur place, prendre une bonne douche ensuite, qui durera deux heures pour effacer toutes les empreintes. Oh et pour éviter les morsures, les griffures, je les attacherai, aussi. » dis-je, avec beaucoup d’ironie. « Je pourrais tout aussi bien te proposer de participer. Les plans à trois, c’est une très bonne expérience à tenter, au moins une fois. » Avec deux nanas, c’est chose déjà faite et alors que je m’apprête à lui dire que je n’ai pas l’intention d’aller voir ailleurs, mon portable vibre. Mon regard se pose dessus et en voyant le prénom de Betina, je lâche un soupir. Qu’est-ce qu’elle me veut celle-là ? Elle ne me contacte jamais, c’est moi qui m’en charge et ce n’est définitivement pas le moment de m’emmerder avec son retard de paiement, alors je le laisse de côté, rebondis sur la conversation : « J'attends que tu te contentes de moi. Ce n’est pas ce qu’on est censé faire ? Ne pas aller voir ailleurs ? » Libertin, je l’étais, mais les choses sont différentes maintenant. Je ne la partage pas.

elle a le regard triste. elle peut pas s’en empêcher. « je sais. » qu’elle dit presque tout bas, en baissant les yeux, lâchant un soupir. « enfin je me doute » elle peut pas effacer ça, son départ abrupte, elle peut pas tirer un trait sur ça, oublier tout ça. elle se demande s’il lui pardonnera un jour. mais elle ne lui pose pas la question elle aurait bien trop peur de la réponse. peut-être. peut-être qu’il lui pardonnera pas au final. peut-être qu’ils pourront pas faire comme si ça ne s’était pas passé. peut-être qu’ils arriveront pas à passer au dessus de ça. qu’il arrivera jamais à lui faire confiance et que ça les détruira. au fond, elle est persuadé qu’être avec lui la détruira, mais elle y va quand meme, se disant qu’au moins elle aura vécu, un peu, à ses cotés. « dans ta bouche c’est cuit, dans la mienne c’est cru, te moque pas! » dit-elle en rougissant, d’ailleurs, elle sent la chaleur lui monter aux joues tandis qu’elles rougissent et elle baisse une nouvelle fois la tête, passant ses mains sur ses joues pour essayer d’effacer ses rougeurs agaçantes. après son monologue, elle se retrouve face à lui et inutile de vous dire qu’elle fait pas la fière la petite. c’est pas l’envie qui lui manque de partir en courant pour éviter d’avoir à faire face à son regard, il va probablement se foutre de sa poire le bougre. elle le sent venir. c’est bien pour ça qu’elle fait pas ce genre de confession, de demande. il prend la parole, elle sait pas si c’est du lard ou du cochon, elle se contente d’hocher la tête, comme si l’entendre dire ça ne lui posait pas le moindre problème, comme si la pensée de la savoir dans les bras d’une autre ne lui filait pas la nausée, elle est bonne actrice, y a que jude qui s’aurait lire dans son regard que toute cette discussion est en train de la foutre en l’air intérieurement. elle allait rétorquer à son idée de plans à trois quand son téléphone qui vibre la fait sursauter. Betina, un nom de femme en plein milieu de cette putain de conversation, ça pouvait pas être pire comme timing. elle sent son coeur en train de se noyer dans sa poitrine sans bouée de sauvetage. elle descend de son torse où elle était assise et se rallonge à coté de lui. elle se sent bizarre, elle sait pas ce qu’elle est censé faire, elle a la tête qui tourne. il reprend la parole. « je… » reprend toi leo, un peu de fierté, t’es pas comme ça, t’as plus de force, allez. « j’ai pas l’intention d’aller voir ailleurs… c’est pas terrible ailleurs… » elle le regarde mais son regard continue d’être happé par le portable. la Bétina qui lui envoie un message si tard. ou si tôt peut-être, il va pas tarder à faire jour au final. « tu… » non leo, non, tu veux pas savoir. « t’es attendu quelque part peut-être? » tant pis, tu viendras pas te plaindre que la réponse ne te convient pas. elle laisse rien paraître, elle essaye de rester détachée alors que la tempête se déchaine dans sa petite tête blonde et dans sa poitrine fort peu habituée à une telle débauche. « je veux pas te retenir, je devrais y aller, je vais m'habiller je vais te laisser... »

Je suis bien d’accord avec Leo. Ce n’est pas terrible ailleurs. La personnalité des femmes que je rencontre est indigeste. Je ne m’y intéresse pas, jamais comme ça. Je ne leur laisse aucune chance, ayant eu une expérience qui a été amplement suffisante, une expérience qui n’est pas terminée, qui se prolonge et ça me satisfait. Leo aura ma peau, un jour, à force de me faire l’effet qu’elle me fait. « Ca, c’est sûr… A dire vrai, tu ne trouveras pas mieux que moi. » C’est dit sur un brin de malice, mais son attention est posée sur autre chose, son esprit est ailleurs, sur ce portable, ce prénom qui s’est affiché. Je dépose un baiser sur son épaule et tends le bras vers mon téléphone pour le couper. « Cette fille, c’est rien qu’une gamine sans cervelle qui a juste décidé de m’emmerder ce soir. » Je repose l’engin, ne souhaitant pas donner suite à son message, ni même à ses futurs textos, si elle venait à insister. J’en ai rien à foutre de ce qu’elle peut bien me vouloir, ça attendra. « Je plaisantais, tout à l’heure, quand je te disais toutes ces choses. Tu n’as pas pris ça au pied de la lettre ? » Elle me connait bien, ce ne serait pas étonnant. Je n’ai pas fait vœu d’abstinence lorsque nous avons commencé à nous fréquenter, j’étais même en couple, à l’époque, avant de la lâcher une fois avoir compris qu’elle en fréquentait d’autres. J’exigeais d’elle qu’elle se réserve à moi, mais j’en profitais bien de mon côté. « Ce n’était pas sérieux, je ne compte pas voir d’autres femmes. » Je n’en ai pas envie. Elles ne m’intéressent pas, elles ne sont pas à la hauteur de celle que j’ai en face de moi. Elles ne me donnent pas envie de me poser, de m’endormir auprès d’elles, de me lancer dans une aventure que je ne connais finalement pas. J’ai bien eu une relation d’un an, mais on ne peut pas dire que ça compte vraiment. Il n’y avait pas plus infidèle que moi. Je n’étais pas attaché. Ou si, mais à ce qu’elle dégageait physiquement, uniquement, à l’emprise que je croyais avoir sur elle aussi et à la liberté que j’avais, tout en ayant la facilité d’une relation stable à côté. Une chose que je n’ai plus jamais testé par la suite, je ne l’ai jamais voulu, avant aujourd’hui. « Dors ici, avec moi. » Je défais la couverture, lui fais une place. « Je ne t’en voudrais pas si tu me tapais une crise de jalousie, hein. » C’est ce qu’elle est, pas vrai ? Et j’adore. C’est bon de voir ça, de sentir que ça la touche, pas parce que ça la blesse, mais parce que ça se sent, qu’elle tient à ce qu’on a. « Et puis je t’autorise à me marquer autant que tu le veux, toute façon je ne le sens même pas… » Les marques qu’il y aura sur ma peau, ce seront les siennes, seulement.

elle lâche un léger rire quand il s’autocongratule en affirmant qu’elle ne trouverait pas mieux que lui, meme si au fond c’est vrai. elle ne trouvera pas mieux que lui, même s’il risque de la détruire, il la complète d’une certaine manière, et les autres sont plus que fades en comparaison, elle a essayé, dieu sait qu’elle a essayé. sans succès. il coupe son téléphone, elle le regarde faire. elle l’écoute, hoche la tête. « d’accord. » qu’elle dit simplement, la tête encore embourbé dans ses putains de doutes qu’il est le seul à avoir réussi à planter là. si elle a pris ses paroles, au pied de la lettre? elle ne sait pas à vrai dire. il lui met le doute, elle est plus sûre de rien avec lui, il lui retourne la tête, le coeur dans tous les sens, elle en oublierait presque comment elle s’appelle par moment. elle hausse les épaules, pour dire, je sais pas, plantant son regard dans le sien essayant d’y lire de quelconques réponses à ses questions non prononcées. elle est sûr le point de sortir du lit, de s’échapper convaincu que c’est le mieux à faire, qu’il a mieux à faire qu’être avec elle ce soir, quand il ajoute cette phrase, elle se retourne assise vers lui. il veut pas voir d’autres femmes. son visage ne peut cacher sa surprise, et un sourire vient se dessiner sur ses lèvres. la boule de chaleur dans sa poitrine reprend ses droits. elle se glisse sous la couverture où il lui a fait une place. elle s’approche de lui, de ses lèvres qu’elle a envie de capter. « tu me rends folle, tu le sais ça. y a que toi pour me rendre jalouse » qu’elle lui glisse entre les lèvres avant de les embrasser avec fièvre, descendant celle-ci dans son cou quand il lui dit qu’elle peut le marquer, elle ne se fait pas prier. descendant doucement sa main le long de son torse pour défaire la serviette qu’il lui servait de vêtement autour de la taille, qu’elle lui enlève et envoie approximativement sur un fauteuil à l’autre bout de la chambre. « tu sera plus confortable comme ça pour dormir » qu’elle se justifie, remontant sa main sur son torse, ses lèvres venant y laisser leur marques en ayant fini avec son cou. « on devrait dormir, il est tard… » qu’elle dit entre deux baisers qu’elle a du mal à retenir. elle devrait dormir pourtant, ils auront tout le temps pour ça de toute façon.  

Non, je ne le savais pas, mais je m’en doutais bien à en voir ses réactions. Maintenant que c’est fait, qu’elle a posé les mots sur ce qu’elle était, j’en suis satisfait et c’est tout à fait réciproque. Je n’arrive toujours pas à croire que ma jalousie envers elle et les autres types qui croisent son chemin est intacte. J’affiche un sourire, la laisse me défaire de cette serviette qui atterrit sur le sol et entoure un bras autour de ses épaules, acceptant le baiser qu’elle m’offre sans broncher, le prolongeant même, en glissant ma main de son épaule à son visage. « Merci de te préoccuper de mon bien-être. » la taquiné-je, en touchant du bout des doigts la zone où elle a laissé une marque, mon cou que je ne peux pas voir, mais je me doute bien qu’elle a marqué son territoire. Avec des marques d’affection comme ça, qu’elle le fasse quand elle veut. « Très tard. » Faire ça, discuter avec une nana durant des heures sans avoir dans l’optique de coucher avec elle, sans penser à mon propre intérêt, simplement parler, écouter, je n’ai jamais fait ça depuis Elle. Et c’est avec Elle que je recommence. Je capture ses lèvres, la resserre contre moi et ferme les yeux, contenté par ce geste agréable. « Dors bien. » dis-je, en essayant de faire taire cette petite voix qui me dit que je perds du temps à dormir. Comme la crainte que d’ici demain, je me réveillerai et que plus rien ne sera pareil, mais ce qui se passe là, je ne le rêve pas. Je suis bien en train de caresser l’épaule de ma… de ma ? Petite amie, c’est le nom que je n’ai jamais employé pour définir une femme, mais c’est bien ce qu’elle est. C'est étrange, mais c'est probablement la meilleure chose qui me soit arrivée depuis bien longtemps.