il n'y a qu'un souffle entre la terre et l'océan (LUKA)

A peine le message envoyé à Luka, je m'observai dans le miroir dans ma chambre, hésitant à me changer. Depuis le départ de Numa, je ne prenais plus vraiment soin de moi. En tant normal, j'aurais certainement enflé un jeans avec un beau petit haut, mais là... Je n'avais juste pas envie, même si Luka était canon, je devais bien avouer. Je décidai donc de rester en jogging avec un petit top de couleur noir. J'enfilai rapidement une paire de basket et déposa quelques friandises pour Iceberg dans le salon, sinon je savais qu'il aurait eu envie de venir avec moi, J'avais le temps pour me rendre au port, mais j'étais tellement plongée dans mes pensées, que j'y parvins en seulement quelques minutes. Je restai face à ce grand monument quelques minutes, le fixant sans vraiment le regarder. Y avait mille et un endroit où j'aurai pu le retrouver, mais je ne sais pas vraiment pourquoi j'avais proposé le phare. Peut-être le fait d'être en hauteur, même si normalement quand le soleil se couche, on a plus vraiment le droit d'y monter. Et puis... Pourquoi je l'avais contacté ? J'aurais très bien pu rester couchée dans mon lit, enfin plutôt dans le sien. Oui, depuis son départ j'avais franchis sa petite bulle secrète et je savais que s'il l'apprenait, j'allais me faire engueuler. Peut-être qu'au fond de moi, j'avais besoin de parler, de comprendre le pourquoi du comment. Lentement, j'étais entrée dans le phare silencieux et en avait grimpé les marches quasiment à reculant. Je m'étais ensuite assise vers les barrières qui l'entourait en laissant pendre mes jambes. Mes pensées se perdirent rapidement dans les vagues qui me faisaient face. Heureusement que personne ne pouvait lire dans les pensées, sinon je me serais déjà retrouvée sur le sol dur. Et oui, sans que je sache vraiment pourquoi, depuis plusieurs jours, j'avais eu des idées morbides, qui se réaliseront jamais je l'espère, mais c'était plus fort que moi.

Je range mon téléphone portable dans la poche de mon jeans et tourne la tête vers Kaecilia qui est plongée dans la série du soir. C’est une rediffusion, mais elle s’en fiche, elle l’aime tellement qu’elle pourrait la regarder aussi souvent que la chaîne la diffusera. « Kae ? » Elle pose son attention vers moi et je lui adresse un sourire. Je déteste les laisser seuls ici, sans moi, sans quelqu’un pour les surveiller, mais Kaecilia est grande maintenant. Ce n’est pas comme si ça arrivait souvent et qu’elle devait tout le temps se débrouiller. Elle a quinze ans, qui plus est, ce n’est plus une enfant. Et je ne souhaite pas qu’elle pense que je n’ai pas confiance en elle. « J’ai une amie qui a besoin de me voir. Est-ce que je peux te laisser un peu ? Je pourrais demander à la voisine, mais je me dis que ce n’est peut-être pas utile ? » J’hésite un instant, mais son sourire me fait comprendre que sa réponse est positive. « Tu rentres tard ? » Je hausse les épaules et me lève, attrape ma veste en cuir que j’enfile. « Je ne sais pas, mais s’il y a un problème, tu m’appelles. Enfin ne t’empêche pas de dormir pour moi, même si c’est vendredi et que tu n’as pas cours demain. » Elle peut bien faire ce qu’elle veut, c’est son jour où je ne lui dis jamais rien, le samedi aussi. Je veille au grain comme je peux. « Tu refermes derrière moi, tu retires les clés pour que je ne sois pas à la rue et tu n’ouvres surtout à personne. » Je dépose un baiser sur son front. « Vraiment, tu me sonnes si y’a un problème. » Elle hoche la tête, me rassure et se lève à son tour pour fermer lorsque je sors. Je reste quelques secondes sur le pas de la porte, avec une boule au ventre, toujours présente lorsque je ne suis pas près d’eux, mais je me reprends et monte sur ma bécane, en direction du phare. Après m’être assuré que ma moto était bien sécurisée, je monte les marches du phare et me retrouve rapidement en haut. J’ai juste à pousser la porte du phare que je remarque Sacha, assise. Je m’en approche, discrètement, pose une main sur son épaule et m’assois à ses côtés. « Salut. » dis-je, en penchant la tête sur le côté, pour mieux la voir. « Tu m’inquiètes… » Elle a le regard tellement vide. Je passe un bras autour de ses épaules et la ramène contre moi. Je n’aime pas la voir comme ça.

J'étais là, assise toute seule au bord du phare totalement désert, me demandant ce que je faisais là. Enfin, surtout pourquoi j'avais dérangé Luka, qui avait certainement d'autres choses à faire qu'écouter me plaindre. Un long soupir s'échappa d'entre mes lèvres, pendant que je sortais mon portable de la poche de ma veste. J'avais envie de lui renvoyer un message pour lui dire que ce n'était pas nécessaire qu'il vienne, que j'allais mieux. Mensonge, je le savais mais j'avais horreur d'ennuyer les autres avec mes soucis. Mon regard fixé sur l'écran encore noire, je me doutais que même si je le lui envoyais, il viendrait de tout façon me voir, même si je partais de notre lieu de rendez-vous. Il me connaissait tellement bien, qu'il m'aurait de tout façon retrouvé où que j'aille me cacher. Au loin, le bruit d'une moto et je compris directement que mon ami était entrain d'arriver et donc qu'il avait pu se libérer. Sans savoir pourquoi, mon coeur commença de battre la chamade. Est-ce que j'arriverai à lui dire pourquoi je suis dans cet état ? Et surtout, comment allait-il prendre le fait que j'ai toujours des sentiments pour Numa... C'était certainement ça qui me faisait le plus peur, le fait qu'il le prenne mal, qu'il pense que ça soit de ma faute s'il est parti sans avertir personne du jour au lendemain, un peu comme moi après son accident. J'aurai pu descendre l’accueillir, quand je l'entendis couper le moteur de sa moto, pourtant je restais là, sans bouger, attendant son arrivée. A peine quelques secondes plus tard, sa main toucha lentement mon épaule et je me laissai totalement faire quand il me pris dans ses bras. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu ce genre de contact avec quelqu'un et ça me faisait presque drôle. Un léger sourire apparu sur le coin de mes lèvres, alors que mon regard n'arrivait pas à se poser sur son visage. Je suis désolé de t'inquiéter... J'ai, j'ai juste un coup de bluzz je pense Et puis être tout le temps seule dans ce grand appartement ne m'aide pas vraiment je pense. C'était vrai ou du moins à moitié vrai. Etre seule dans l'appartement de Numa me pesait vraiment sur le morale. J'aurais pu déménager, prendre mon indépendance, mais je ne me voyais pas le laisser vide en ne sachant pas quand il allait revenir. Si tu savais comment je me sens seule Luka... Si seule... Une larme coula sur ma joue, larme que je retirai rapidement du revers de ma main, Ce n'était pas mon genre de pleurer, du moins pas devant les autres mais là, je sentais que les digues allaient lâcher si je commençais à parler.

J’aimerais pouvoir l’aider, faire plus, mais je ne peux pas. Numa. Il est là, quelque part, dans sa tête. Ce coup de blues, il n’y est pas pour rien. Leur histoire, tout le monde dans la bande en a été témoin. Le commencement, la fin, la façon dont les choses évoluent maintenant, alors je fais ce que je peux, la réconforte au mieux, avec les moyens du bord. Je resserre mon étreinte autour d’elle, caresse tendrement son épaule. « Tu ne l’es pas… Seule, tu ne l’es pas. » répété-je, dans un murmure, avec conviction. Elle est bien entourée, elle le sait, mais je me doute bien que ça ne suffit pas à combler le vide qui s’est créé en elle, un vide que j’aimerais voir se remplir pour ne plus la voir souffrir. Les larmes commencent à rouler sur ses joues, se noient sur son visage avec les gouttes d’eau qui tombent sur nous. Je m’apprête à lui proposer de s’abriter, quand la pluie tombe, avec force. Je me relève aussitôt, attrape sa main dans la mienne, la force à se lever et cours en l’emportant avec moi sous le seul abri qu’il y a non loin de nous. L’entrée du phare. Je suis frigorifié et je ne suis pas le seul. « T’as le don de faire les bons choix pour te réfugier dans des endroits calmes… » soufflé-je, en la prenant dans mes bras, sans hésitation. Je frotte ses bras, son dos, pour ne pas qu’elle attrape froid, tandis que la pluie continue de tomber. Ce n’est pas maintenant que nous allons pouvoir sortir d’ici. Au mieux, ça va durer cinq minutes, au pire, ça peut durer une bonne heure comme ça, alors je reste dans cette position, aussi bien pour la réchauffer que pour lui prouver que son sentiment de solitude n’est pas justifié. « C’est… C’est avec ce qui se passe entre Numa et toi ? » que j’ose demander, peu sûr de moi. Est-ce que c’est le bon moment d’en parler ? Est-ce qu’elle en a envie ? Ou est-ce qu’elle aurait préféré que je me taise ? Je me pince les lèvres, calant mon menton sur sa tête. « Tu n’es pas obligée de me répondre. » Elle peut ignorer ma question, faire comme si de rien n’était, ça ne me dérange pas, je peux tout à fait comprendre que le sujet soit trop délicat pour s’y attarder.

Je regarde l'océan, ayant presque envie d'y plonger pour oublier cette douleur au fond de moi, pour oublier tout ce qui m'arrive ces derniers temps. Je sais que jamais je le ferai, que je tiens trop à la vie pour tenter quoique se soit, mais le fait d'y penser me fait légèrement du bien. Pouvoir éprouver cette sensation de plénitude durant un quart de seconde, me fait réaliser que je suis toujours bien en vie, même si j'ai le coeur en miettes. Le murmure réconfortant de Luka me fait légèrement sourire, parce que tout au fond, mais vraiment tout au fond de moi, je sais que je ne suis pas seul. C'est un des seuls membres de la bande à encore vraiment me parler, sans me voir comme l'affreuse ex qui est partie comme une voleuse et pour ça, je lui en serais toujours reconnaissante. Mais je sais quand même que j'ai partie une bonne partie de mes amis avec ma fuite et j'ai vraiment de la peine à m'y faire. Je sens les premières gouttes d'un orage atterrir sur mes joues et avant que j'ai le temps de lever la tête, un torrent s'abat sur nous et je sens la main de mon ami me tirer pour me lever et aller se réfugier dans un petit abri non loin de nous. Je ne m'y étais pas vraiment attendu, vu que la météo avait annoncé grand soleil pour toute la journée. Comme quoi, la météo n'est pas une science exacte. Je laisse un léger rire s'échapper d'entre ses lèvres en entendant sa remarque sur notre abri. Tu ne le savais pas encore que j'étais la reine des endroits pour s'abriter ? Rire me faisait du bien et j'étais presque étonnée d'entendre ce son sortir d'entre mes lèvres. En sentant en même temps les bras et les mains du jeune homme parcourir mes bras nus pour essayer de me réchauffer, je ne pu pas m'empêcher de me blottir contre son torse, laissant ma tête se déposer dans son cou. Un très léger silence se fit entre nous mais mais celui-ci fut rapidement brisé par la voix du jeune homme et une grimace suivit d'un soupir s'échappa d'entre mes lèvres. Je me mordillais légèrement la lèvre, ne sachant si j'avais vraiment le courage de lui en parler. Il avait bien entendu visé juste, mon état était du un peu à cause de ce qui passait avec Numa mais pas seulement. Je me blottis encore plus contre lui. Oui et non... Il y l'histoire avec Numa et ce qui se passe avec la bande et la fratrie de Numa. Je suis rejetée de toute par à cause de mon comportement, parce que j'ai laissé Numa dans un moment où il avait besoin de moi. Je relevai légèrement la tête pour le regarder. J'ai l'impression d'être rejetée par tout le monde, sauf par toi... Un léger sourire sur les lèvres, je parcourai son visage du regard, le laissant me frictionner pour me réchauffer, même si je me demandais si les frissons qui me parcourait à cet instant, était vraiment du à l'orage ou si c'était du à sa proximité.

« T’as un peu la poisse à ce niveau… » avoué-je, en souriant, appréciant de l’entendre rire. C’est bien mieux que la voir pleurer, comme elle le faisait il n’y a pas si longtemps, alors que je resserre mon étreinte autour d’elle, en la sentant se rapprocher de moi. Je n’attends pas qu’elle me répondre, je pense même qu’elle ne le fera pas, qu’elle préférera le silence tant ça peut être douloureux, leur histoire, mais elle sait qu’elle peut en parler. Elle ne saute pas sur l’issue. Je me pince les lèvres, conscient de tout ça. Son départ a été brutal. « Je… » commencé-je, en cherchant mes mots, en plantant mes yeux dans les siens. « Il faut leur laisser du temps, je crois… Pour le moment, ils prennent un peu parti, mais… Ca leur passera. » Je n’en sais rien au fond. De mon côté, j’ai essayé de faire la part des choses, ça ne me concernait pas, c’était leur histoire. Je n’avais pas le droit de la juger, elle, ses choix. Qui je suis pour faire un truc pareil ? Alors que justement, c’est mon amie aussi. Alors je suis entre les deux, sans prendre position. Je tiens à Numa, mais je tiens aussi à Sacha qui a besoin qu’on l’entoure, qui a besoin de moi, qui a besoin de quelque chose, là, à cet instant précis. Je le vois, dans ses yeux et me voilà comme un con à détourner le regard pour éviter de croiser le sien. J’ai l’impression d’être constamment entre les couples, ces derniers temps. Déjà avec Lisa et Mads, maintenant Sacha… « Je suis là pour toi, d’accord ? Si jamais y’a un souci, tu peux m’appeler, n’importe quand. Je t’ai toujours trouvé chouette, ça ne changera pas du tout et… » J’arrête mes mains sur ses épaules. « Laisse tomber. » dis-je, en secouant la tête. Je n’ai pas envie de la mettre mal à l’aise. Je la reprends dans mes bras, sans dire le fond de ma pensée, moi-même un peu perdu. Sacha, Numa, c’est une histoire forte. Lui donner un certain réconfort, je pourrais faire, mais ce serait pour une mauvaise raison et en même temps… Et en même temps, elle est attachante Sacha et je n’aime pas la voir si triste, si mal dans sa peau. Je caresse sa joue avec tendresse, dépose un baiser sur sa tempe. « Je ne te rejette pas. » J’peux le promettre s’il faut. « J’te jure… » Je ferme les yeux, glisse mes lèvres sur sa joue, sur le coin de ses lèvres et je vais peut-être le regretter, mais lorsque je relève son visage et que je vois sa détresse, j’approche mes lèvres des siennes, les presse, doucement. Peut-être que moi aussi, j’ai besoin de ça. De réconfort.

Je maudissais le temps qui avait changé si subitement ainsi que la météo qui avait mentis sur le temps de la journée. Enfin, du tout façon maintenant je ne pouvais rien faire à part attendre en compagnie de Luka dans ce petit local à peine assez grand pour nous contenir tous les deux. Heureusement que je n'étais pas trop grosse, sinon la cohabitation aurait été difficile. Je souris doucement à sa remarque mais ne dis rien de plus, parce que oui, j'étais le genre de demoiselle a être poisseuse, surtout dans ce genre de situation. Blottie dans ses bras, je ne m'attendais pas vraiment à sa question, même si au final, c'était pour parler de ça que je l'avais contacté. Enfin, je l'avais contacté pour me changer les idées et pas vraiment parler, parce que parler, ce n'était pas mon fort. Je gardais donc un moment le silence, essayant de trouver les mots juste pour ne pas le blesser ou pour qu'il ne comprenne pas le contraire de ce que je voulais dire à la base. Heureusement pour moi, je savais que Luka n'était pas le genre de personne à juger, bien au contraire et ses paroles me réconfortèrent encore plus dans ce sentiment. J'espère... J'en ai marre d'être sondée à la loupe à chaque fois que je les vois. Je me doutais bien que la situation ne devait pas être évidente pour lui, parce qu'en plus d'être mon ami, c'était également l'ami de Numa et j'avais donc été étonnée à mon retour, qu'il ne me tourne pas le dos comme tous les autres. Je n'aurais pas pu lui en vouloir, parce que cela aurait été méritée, j'en avais pleinement conscience. Alors que je me blottissais encore un peu plus contre lui pour absorber un peu plus sa chaleur. Les yeux mi-clos, j'écoutais la pluie tomber sur le toit de notre abri et en même temps le son de la voix du jeune homme. Je fus légèrement étonnée de ne pas l'entendre terminer sa phrase, ce qui me fit relever la tête. Non vas-y dis ce que tu penses Luka. je détestai quand les gens ne finissaient pas leurs phrases, parce qu'après je pouvais pas m'empêcher d'imaginer la fin et quand j'étais inspirée, je partais dans de vrais délires et ce n'était pas bon pour ma santé mentale. Mon regard sur lui, il me fit doucement sourire quand il me jura qu'il ne me tournerait jamais le dos et que je pouvais compter sur lui n'importe quand. Ses lèvres sur ma tempe me surpris légèrement mais je devais avouer que ce contact me faisait du bien. Alors que je plongeai mon regard dans le sien, je fus surprise de sentir ses lèvres se déposer sur les miennes. J'en retiens quelques instants mon souffle mais alors que le tonnerre grondait à l'extérieur, je prolongeai le baiser sans me poser mille questions. J'avais envie de profiter du moment et nous ne faisions de tout façon rien de mal, vu que nous étions tous les deux célibataires. Mes mains se déposèrent sur son torse et je mis mon cerveau sur pause. Le moment était parfait, même si je ne comprenais pas pourquoi ce baiser me plaisait autant. Je n'avais jamais vu le jeune homme autrement que comme un ami mais cette nouvelle vision me plaisait beaucoup, je devais l'avouer et mon corps ne pouvait pas dire le contraire, vu que je sentais mon coeur accélérer dans ma poitrine. Finalement, je reculai la tête pour plonger mon regard dans le sien, alors que mes doigts se promenaient sur son haut totalement trempés.

C’est bon, ça faisait longtemps que je n’avais pas embrassé quelqu’un, depuis mon ex. J’ai failli avec Lisa, mais je me suis retenu et j’aurais peut-être dû faire la même chose avec Sacha, pour éviter de me poser des questions, qu’elle s’en pose aussi, pour éviter de penser à Numa aussi. C’est son ex-petit ami, c’est mon ami et j’ai l’impression de faire ce qu’il ne faut pas, de le trahir, quelque part, parce qu’un pote ne devrait pas se rapprocher des ex de cette manière, mais ses lèvres sont douces, si sensuelles, que j’en profite, jusqu’à manquer de souffle, jusqu’à ce que le baiser s’arrête naturellement, que je croise ce regard. Je baisse les miens sur ses doigts qui pianotent sur mon torse, puis sur elle, sur ses yeux qui ne me quittent pas. « Je ne sais pas ce que j’essayais de faire… De te prouver que je ne te tournais pas le dos, quelque chose comme ça. » Je crois. Je ne suis pas bien sûr de c que j’avance. J’en avais envie, c’est certain… « Je ne veux pas te blesser. T’es importante pour moi. » Elle fait partie de mes plus proches amies, alors non, je ne l’abandonnerai pas, à part si elle ne veut plus de moi, je la laisserai tranquille, et encore, je ne baisserai pas les bras si facilement. « Ce que je voulais te dire, tout à l’heure, c’est… Je ne veux pas être entre toi et Numa. » dis-je, en saisissant quelques mèches de ses cheveux pour les replacer derrière son oreille. Peut-être est-ce parce que je suis dans la bande, parce que j’ai vu ce qui se passait entre eux que je ne me sens tout simplement pas de jouer au petit malin. Pourtant, ça me plairait d’être proche de Sacha, de l’aider à remonter la pente, de cette manière, mais ce ne serait pas honnête de ma part. Qui plus est, ma vie actuelle est une catastrophe… J’ai payé les frais avec mon ancienne relation, ce n’est pas pour faire n’importe quoi maintenant. « Faut te laisser un peu de temps, je crois… J’y connais pas grand-chose, tu sais, en matière de relations. La mienne a foiré sur toute la ligne. » Et ça me plaisait d’un côté, qu’elle ait été si chaotique. J’avais besoin de ça, qu’on me pousse à bout. Il n’y a que comme ça que je réagis de la plus mauvaise des façons et ça me fait du bien d’exploser contre quelqu’un. J’essaie de ne pas le faire, de ne pas être violent, de réfléchir à ce que je dis, mais bordel… Ca me fait du bien quand je repense à tout ce qui se passe dans ma famille, à ma mère qui n’est jamais présente, qui ramène des mecs sans cesse lorsqu’elle est là. Ce n’était pas seulement de l’amour qu’elle m’a apporté, c’est plus que ça, je m’en rends compte maintenant qu’elle n’est plus là pour me crier dessus. Ce n’était pas une raison suffisante pour la retenir, ce n’était pas une bonne raison tout court. « Tu es une fille bien, Sacha. » ajouté-je, avec un sourire au coin des lèvres.

Pendant que mes lèvres s'emboitaient parfaitement avec celles de Luka, mon cerveau c'était mis en marche pour analyser tout ça. Chaque fibre de mon corps, chaque battement de mon coeur et j'avais du mal à croire que je prenais vraiment du plaisir à ce qui était entrain de se passer. J'aurais très bien pu reculer ma tête au moment où il avait commencé à m'embrasser, mais j'avais préféré prolonger, parce que ça me plaisait tout simplement. Nos lèvres se séparèrent seulement au moment où nos poumons commencèrent à manquer d'air et un doux sourire naquit tout de suite sur mon visage, mon regard dans le sien. Si un jour on m'aurait dit que j'allais l'embrasser, j'aurais certainement traiter cette personne de folle. Je ne savais pas quoi dire ni quoi faire, c'était la première fois que je me trouvais dans cette situation mais heureusement pour moi, il prit rapidement la parole. Je te fais confiance Luka, je sais que tu seras toujours là pour moi, quoiqu'il arrive, ou presque. Je me doutais bien que si un jour l'appelai pour enterrer un cadavre, il ne me suivrait certainement pas et je ferais sûrement la même chose. Parce que passer le restant de mes jours en prison, c'était pas mon intention. Je ne remarquai même pas que mes doigts continuaient à parcourir son torse, comme s'ils voulaient apprendre chaque courbe de son corps. En l'entendant me dire qu'il ne voulait pas se mettre entre moi et notre ami, j'ouvris d'étonnement les yeux, laissant en même temps un petit rire s'échapper d'entre mes lèvres. Personne ne te dit de te mettre entre nous. D'ailleurs, il n'y a plus de nous. Numa et moi c'est finit et il m'a bien fait comprendre qu'il voulait qu'on reste simplement amis. Alors oublie cette période où j'étais en couple. Je suis célibataire et libre comme l'air. Bien entendu, Numa aurait toujours une place particulière dans mon coeur, c'était évident et tout le monde le savait mais cela ne devait pas m'empêcher d'avancer et de faire avancer mon coeur. C'était dur de me l'avouer mais je savais que j'y arriverai en rencontrant de nouvelles personnes. Je l'observe encore quelques instants, avant de finalement regarder autour de moi, parce que finalement depuis que nous étions entrés dans cet abri, je n'avais pas étudié l'endroit. En entendant le compliment du jeune homme, je sentis mes joues rosirent et je baissais le regard, n'ayant pas l'habitude des compliments. Ne dis pas n'importe quoi... Je suis une fille ça oui, mais bien... J'ai des doutes des fois. J'avais de la peine à avoir confiance en moi, mais ça c'était depuis toujours. Lentement, mon regard remonta sur le jeune homme et je me blottis légèrement contre lui, pendant qu'une de mes mains remontait vers sa joue et qu'un de mes doigts passa lentement sur ses lèvres. Ces lèvres que j'avais encore de la peine à imaginer sur les miennes, alors que le baiser avait été bien réel, vu que j'avais le goût sur les miennes.

Célibataire, libre comme l’air, j’essaie de me le dire, de me le mettre dans le crâne, mais une part de moi continue de penser que si Numa revenait vers elle, que s’il lui proposait de tenter une nouvelle fois, elle serait d’accord et je le comprends tout à fait. C’est normal, avec leur histoire si forte. C’est pour cette raison que je ne peux pas prendre le risque de détruire ce que nous avons déjà, tous les deux, notre amitié. « C’est bien de vouloir avancer. » soufflé-je, alors que mon sourire s’élargit. C’est ce qu’elle mérite, de relever la tête. Je pose la mienne sur le dessus de la sienne et tourne la tête vers l’extérieur, vers la pluie qui tombe toujours aussi fortement. « Comment tu peux douter de toi… » Ce n’est pas parce qu’elle a fait l’erreur de s’en aller que c’est une mauvaise fille. Au contraire, elle est douce, elle est gentille, elle a juste besoin qu’on l’écoute et qu’on la prenne dans ses bras, comme je suis en train de le faire. Elle n’a pas besoin qu’on lui tourne le dos, c’est vraiment crétin de leur part. Je ne cautionne pas, même si j’essaie de leur trouver des excuses. Ils n’ont tout simplement pas pris assez de recul, ont préféré jeter la pierre, c’était plus facile. Je baisse la tête pour la regarder, alors que je sens sa main sur ma joue, sur mes lèvres. Elle doit sentir mon souffle sur son doigt que j’embrasse avec tendresse. « T’es quelqu’un de bien, faut pas douter de toi comme ça. Faut pas laisser les gens dire le contraire. Eux aussi, ils font des trucs de travers. C’est humain d’être… imparfait. » De faire des trucs qu’il ne faudrait pas, de s’égarer. C’est ce que je me suis longuement dit pour excuser les agissements de ma mère, après la mort de mon père, pour ne pas la détester, mais ça n’a duré qu’un temps. Faire des erreurs, ça oui, les recommencer indéfiniment, non. A mon tour, je caresse sa joue en douceur, en prenant appui sous son menton pour relever un peu plus son visage et dépose un baiser sur son front. « Tu m’en veux de t’avoir embrassée ? » Même si ça ne semble pas être le cas, je ne peux m’empêcher de me poser la question. Je ne veux pas qu’elle pense que je suis en train de jouer avec elle, ce n’était pas du tout mon but. C’est d’ailleurs pour ça que je ne recommence pas.

Je déteste m'apitoyer sur mon sort, je n'aime pas que les autres s'occupent d emoi parce que je ne vais pas bien. En tant normal, je fais tout pour le cacher, en m'occupant des autres, en m'occupant l'esprit autrement qu'en pensant à moi. Je n'aime pas montrer ma fragilité, montrer que je peux être dépendante des autres. C'est certainement stupide, mais j'ai toujours agis comme ça, depuis que je suis haute comme trois pommes. Je pousse un très léger soupir, tout en observant les gouttes de pluie qui coulent le long des fenêtre. L'orage n'est pas près de s'arrêter vu comment ça tombe, ce qui fait que nous allons certainement restés bloqués ici encore un bon moment. Cela ne me dérange pas, bien au contraire car grâce à ça, je suis entrain de découvrir un nouveau Luka, une facette de sa personnalité que je ne connaissais pas et qui me plait. Je hausse simplement les épaules à sa remarque, ne sachant pas du tout quoi répondre. Il est rare que je laisse me fragilité prendre le dessus et je n'ai jamais su la gérer. Lentement, mon regard se repose sur lui et un tendre sourire apparait sur le coin de mes lèvres quand il embrasse le doigt que je viens de déposer sur ses lèvres. Je vais essayer de me rappeler de tes paroles la prochaine fois que j'aurais un coup de bluzz. Quand les lèvres du jeune homme se dépose sur mon front, je ferme à moitié les yeux pour apprécier encore plus ce moment de tendresse, un moment que je n'avais pas vécu depuis longtemps. Quand il me demande si je lui en veux pour le baiser, j'éclate de rire tout en secouant la tête. C'est bien la première fois qu'on me pose ce genre de question. Non, bien au contraire, j'ai envie que tu continues Lentement, mes lèvres se reposent sur les siennes, pour lui prouver que je ne lui en veux pas du tout. C'est peut-être bizarre,mais j'apprécie beaucoup cette nouvelle sensation, sensation que je ne pensais plus jamais éprouvée. C'était peut-être stupide, mais c'était la vérité. Mes mains passent lentement sous son pull, pour cette fois découvrir les vrais traits de son corps, parce qu'avec les habits, c'était un peu faussé. Jamais je ne l'ai vu torse nu, j'étais donc curieuse, de voir ce qui se cachait sous ses habits mouillés. Mon corps contre le sien, j'avais l'impression de renaître, de me redécouvrir et cela me plaisait énormément.

« Ce serait bien. Ou t’as qu’à me demander de te le répéter… Même si je te passerai un savon pour ne pas les retenir facilement. » dis-je, avec un sourire en coin. Je comprends qu’elle puisse manquer de confiance en elle, mais il n’y a pas de raison. D’un point de vue extérieur et je ne dis pas ça uniquement parce que je suis son ami, c’est quelqu’un qui gagner à être connu, qui ne mérite pas tout ce qu’on lui fait subir, alors je m’efforce de le lui montrer en étant là, avec elle, alors que ma priorité est pourtant ailleurs, à la base, mais j’en ai une autre, de priorité. Mes amis. Je ne suis pas toujours à la hauteur de ce que je fais, même jamais, mais je fais du mieux que je peux pour me rendre disponible quand je sens qu’il y a vraiment besoin. J’évite les choses banales, les fêtes qui n’ont pas besoin de ma présence. Ca pourrait me faire du bien, parfois, mais la crainte de laisser les monstres seuls l’emporte sur tout le reste. Le bon moment que je devais passer se transforme rapidement en catastrophe, avec une boule au creux de l’estomac, ça ne sert à rien. Je me mords la lèvre en l’entendant rire. Je n’aurais pas dû poser la question. Je détourne les yeux, me sentant un peu ridicule, beaucoup, jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole, qu’elle se confie sur ses souhaits et que ses lèvres atteignent les miennes. « Sacha… » soufflé-je, contre ses lèvres, comme pour m’empêcher d’aller plus loin, mais sa main qui parcours mon torse me fait frissonner et me fait oublier toutes mes bonnes pensées. J’oublie qu’il s’agit de mon amie, que ça pourrait nous mettre mal à l’aise plus tard. Je profite de sa peau contre la mienne, resserre mon étreinte en prolongeant son baiser, le cœur battant. Ca fait longtemps que je n’ai pas été aussi proche d’une femme, trop longtemps que je n’ai pas goûté à la douceur. Mes deux mains se placent sur sa taille, puis doucement, j’en remonte une le long de son dos, d’abord sur son top, puis dessous, à même la peau. Le seul barrage qu’il y a, c’est l’attache de son soutien-gorge. Elle me gêne. J’hésite quelques secondes, puis la retire en quelques secondes, pour pouvoir longer sa colonne vertébrale sans rien pour me déranger. Si jamais je vais trop loin, je sais qu’elle me le dira, qu’elle me stoppera, alors je quitte ses lèvres, glisse les miennes jusqu'à son cou où je dépose quelques baisers.

Je lui tirais légèrement la langue en éclatant de rire, parce que j'arrivais très bien à imaginer la scène. Moi entrain de lui redemander une millième fois de me redire que je suis une bonne personne et Luka entrain de me sermonner. La scène serait comique, j'en suis certaine. Mes doigts glissent rapidement sous son pull mouillée et durant quelques courts instants, je me dis que si on ne se sèche pas rapidement, on risque touts les deux de tomber malade, parce que l'endroit n'était pas réellement chauffé. Mes lèvres trouvent rapidement les siennes et en   entendant le murmure de mon prénom, j'hésite à arrêter le baiser, mais je sens bien vite qu'il le prolonge et en sentant ses doigts rparcourirent mon dos, un léger frisson me passe dans le corps. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas éprouvé ce sentiment, que je suis contente de le redécouvrir grâce à lui. C'était quand même étonnant de voir comme tout était naturel entre nous et comment le courant passe si bien. En sentant ses lèvres descendre le long de mon cou, je me mords la lèvre, car sans le vouloir, il venait de découvrir un de mes points faible. Je me cale bien contre lui, mes doigts jouant toujours sur son torse. J'ai un peu l'impression d'être une adolescente avec son premier amour et qui est entrain de découvrir les joies du plaisir. Lentement, je me retire de son emprise, pour lui prendre la main et me diriger vers l'un des seuls meubles de la pièce, un petit canapé tout poussiéreux. Ce n'était pas le grand luxe, mais c'était toujours mieux que rien. De plus, je savais que si je voulais arrêter, je n'aurais qu'à lui dire et il stopperait, j'en était certaine. Sauf que pour le moment, c'était tout le contraire, je voulais continuer, je voulais encore sentir ses doigts glisser sur mon corps. Une fois installés, mes lèvres se déposent dans son cou, pour y déposer de petits baiser, mes doigts parcourant son jeans également mouillés. Dire qu'on avait passé que quelques secondes sous la pluie et pourtant on avait l'impression d'avoir pris une douche.

Le baiser s’arrête, une nouvelle fois et je n’ai plus la tête sur les épaules pour empêcher ce qui peut se passer, ce qui va suivre. Le cœur battant, je me mords les lèvres et la suis jusque ce canapé sur lequel je la rejoins. Elle est belle Sacha, elle est tendre, alors quand elle embrasse mon cou, je ferme les yeux et lâche un soupir de contentement, rauque. Ses mains sont baladeuses, les miennes se crispent sur son bras, sa cuisse, remontent jusqu’à son top que je soulève pour le lui retirer. Il tombe au sol, tandis que je l’observe avec ses cheveux mouillés qui tombent en cascade sur ses épaules, ses seins à peine enfermés dans ce soutien-gorge qui ne tient plus. Je pose mes mains sur ses hanches, la soulève assez pour qu’elle se retrouve sur mes genoux et en pressant mes lèvres contre les siennes, je fais glisser les bretelles de sa lingerie, pose à plat ma main sur le bas de son dos pour la ramener au plus près, avec ses jambes sont de chaque côté des miennes. De là, elle doit sentir l’effet qu’elle me fait, elle doit comprendre que je ne suis pas indifférent à sa peau dénudée, ses baisers sucrés. J’en redemande. Mon corps la réclame, a envie d’elle. Le souffle court, j’éloigne mes lèvres des siennes et m’autorise à la détailler. « T’es vraiment un canon. » dis-je, dans un murmure, en mordillant le milieu de son cou, alors que ma main droite remonte le long de son buste, jusqu’à sa poitrine, sans la perdre de vue, pour observer la moindre de ses réactions, mais aussi pour savoir si cette nouvelle proximité la dérange, si j’en fais trop, si je dois m’arrêter, ou continuer. Je ne me pose généralement pas autant de questions habituellement, je sais ce que j’ai à faire, mais la différence est qu’elle est mon amie, que je la connais depuis tellement d’années et que jusqu’alors, je n’ai jamais pensé à dépasser certaines limites.