(Nora) Quand l'une des terreurs ne va pas bien...

Le front de Clare est chaud. Elle tousse, elle somnole. Je m’inquiète. Elle ne va pas bien depuis quelques jours déjà, rate l’école parce qu’elle est incapable de se lever de son lit et cette nuit, c’est une catastrophe. En plus d’avoir de la fièvre, elle vomit tout ce qu’elle a mangé. Ce n’est sûrement rien, juste un petit rhume, mais… Mais je m’en fais quand même. Je réveille doucement Kaecilia et lui demande de s’habiller, d’enfiler un manteau, puis je fais de même avec Sloan qui ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive non plus. Il s’exécute, sans broncher, me rejoint dans la chambre des filles. « Votre sœur est malade, il faut qu’on aille voir un médecin. » Je prends la petite dans mes bras, l’habille d’un manteau chaud, la cache d’une capuche et la soulève. Clare s’accroche comme elle peut à moi, tandis que Kaecilia prend la main de son frère. J’aimerais avoir une voiture pour tous les amener, qu’ils ne marchent pas, mais heureusement, l’hôpital n’est pas très loin de chez nous, seulement à quinze minutes de marche. Ils chantent une chanson dans la rue pour passer le temps, pour se motiver et je les accompagne en caressant le visage de Clare lorsque je la sens bouger, l’entends renifler. L’hôpital est là et dès lors que nous prenons place à l’intérieur, des regards se posent sur nous. Faut dire que je suis bien accompagné. Des enfants, ça attire l’œil, moi-même j’en suis encore un, à mon âge, pour bien des gens qui ont le double du mien. « Restez bien sages, je reviens. » dis-je, en m’approchant de l’accueil. Une hôtesse me regarde, me sourit et me demande ce qui se passe d’un air qui se veut rassurant. « C’est ma sœur, elle a de la fièvre, beaucoup, elle tousse, vomit. Est-ce que je pourrais voir un médecin ? Un interne, s’il vous plaît. » Je m’y connais bien en médecine, mais je suis trop concerné pour voir les bons symptômes. J’imagine toujours le pire lorsque ça les concerne. C’est tout ce que j’ai de plus précieux. Et puis alors qu’elle acquiesce d’un signe de tête, je vois Nora. C’est la seule personne que je connaisse bien et qui mette suffisamment les terreurs en confiance, c’est elle. Je suis tout de suite plus rassuré lorsque je la vois se rapprocher de moi. « C’est Clare. Elle ne va pas très bien et j’arrive pas à savoir ce qu’elle a. Je suis trop concerné, je suis pas objectif. » Je n’arrive pas à bien gérer la situation, simplement et je sais que Nora peut me calmer, peut m’apaiser. Elle peut faire de même avec eux, aussi. Elle nous a déjà vu à plusieurs reprises et n’a pas posé de questions, jusqu’alors. Peut-être qu’un jour, ce sera différent, mais pour le moment, ce qui m’inquiète, c’est Clare qui, de ses petits doigts, se blottit dans mes bras. Je dépose un baiser sur son front, tendrement. C’est ma petite sœur, mais c’est comme si c’était ma fille. Je me suis occupé d’elle depuis sa naissance, tout comme les autres rejetons, d’ailleurs. J’ai pris mon rôle très à cœur.