young and wild (marlow)

bientôt quinze heure quand t'arrives au bord de la plage. tu vires tes chaussures qui se rangent déjà dans un sac que tu as amené et tu plantes ta planche de surf dans le sable de manière à ce qu'elle tienne bien en place. aujourd'hui c'était après-midi surf, ta passion, ta vie. tu avais invité marlow à venir avec toi. qui c'est ? c'est la soeur de hakeem. pire, c'est ton crush du moment cette douce brune. au départ, c'était comme ta petite soeur puis qu'elle était la petite soeur de ton pote que tu considères comme un frère maintenant ... maintenant et bien, elle a grandi la brune, elle a grandi et elle a un charme fou. tu n'es pourtant pas aussi simple, tu ne t'attardes pas au physique mais elle a quelque chose en plus, quelque chose qui donne des frissons. peut-être parce qu'elle représente un sorte d'interdit. tu n'en sais trop rien finalement. mais elle est là, et elle t'accapare comme elle veut, ce qui peut s'avérer dangereux à l'avenir non ? tu fermes les yeux et tu t'assois sur le sable. tu laisses le soleil présent réchauffer ta peau à travers ta combinaison alors que le vent souffle. il ne fat pas très chaud, ce n'est pas encore le printemps mais ça reste agréable. heureusement que tu as ta combinaison, l'eau ne doit pas être très chaude. d'ailleurs au loin, tu reconnais facilement la brune qui est en train de marcher sans toi. elle a enfin lâché ses livres, c'est une bonne chose, pour elle surtout. tu ne sais pas trop comment elle fait, pour réviser autant, puis tu te dis que c'est comme ta soeur, elle est étudiante et veut réussir. toi, ça fait longtemps que t'as arrêté les études, au grand damne de tes parents. tu te lèves alors qu'elle arrive non loin de toi.

La plage du Miramar. Certainement ta plage préférée à Biarritz. Plage calme et très peu fréquentée. T'avais le nez plongé dans tes bouquins depuis une bonne semaine. Une semaine où tu n’avais pas mis un pied dans l’eau. Autant dire une éternité pour toi. Le sms de Numa était donc tombé à pic. Numa et Hakeem sont comme les deux doigts de la main. Hakeem est surprotecteur. Numa représente donc l’interdit suprême enfin il devrait représenter l'interdit suprême pour toi. Malheureusement tu aimes transgresser les règles uniquement pour ressentir le frisson qui accompagne la transgression d'un interdit et il faut avouer qu’il a un tas d’arguments à son avantage. Tu avais accepté sa proposition. T’es arrivée là-bas approximativement à l’heure. Tu as récupéré la planche que tu as loué à une école de surf à moins de dix minutes de la plage et un charmant vendeur t’a aidé à la caser dans ta voiture. Tu comptes t’en acheter une à toi cet été quand tu seras beaucoup plus à l’aise dessus. Tu t’approches de lui la planche sous le bras. Tu poses tes affaires. Tu lui souris. Tu le prends dans tes bras tu es contente de le voir. Tu te détaches de lui avant de le questionner. « Tu vas bien ? » Tu retires tes vêtements et tes chaussures. Laissant apparaître ton corps vêtu d'un simple maillot de bain deux pièce en noir. Tu rassembles soigneusement tes cheveux en chignon. T’enfiles ta combinaison. Tu demandes à Numa s'il peut te fermer la fermeture éclair. Tu le remercies avant de te tourner vers lui. « Bon qu'est-ce qu’on attend pour aller dans l'eau ? » Et sans attendre un instant de plus t’es partie vers la mer en sautillant. Tu l’avais prévenu tu ne risquais pas d’être une élève modèle après avoir passé une semaine loin des plages faites de falaises et de rochers découpés tu avais besoin de retrouver le sable sous tes pieds et le l'eau saline qui se cristallise sur les pointes de tes cheveux. Tu t'es arrêtée quelques secondes contemplant l'horizon. Tu te jettes à l'eau.

elle dépose sagement ses affaires sur le sable avant de te prendre dans ses bras. son odeur t'enivre quelques instants jusqu'à ce qu'elle se détache pour commencer à se changer. tu ne peux pas t'empêcher de laisser tes yeux divaguer sur ses formes, sur ses traits, sur sa peu. ca fait un peu voyeur, mais tant qu'elle ne le remarque pas, ce n'est pas si grave, n'est-ce pas ? tu fais mine regarder autre part lorsqu'elle revient sur toi et te demande de l'aide. tu t'avancer et t'exécute pour remonter la fermeture de sa combinaison. en pleine forme, et tu m'as l'air en pleine forme, quoiqu'un peu pâle ... les bouquins, ça ne fait pas bronze apparemment. tu la taquines, évidemment. alors qu'elle te pose la question, elle s'engouffre vers l'eau armé de sa planche. elle ne perd pas de temps pour te laisser en plan sur la plage. tu la regardes un instant pendant qu'elle sautille comme si c'était le plus beau jour de sa vie. tu entreprends ta planche, tu l'embarques avec toi, et tu la rejoints assez rapidement. l'eau est froide, c'est vrai, mais ça revigore. alors vas-y montre moi tes talents, montre moi ô combien ne pas pratiquer fait que tu ne sais même plus montrer sur une planche ? tu la cherches , évidemment, alors que tu fais pareil. que tu montes sur la tienne, avec aisance, évidemment, pendant que tu pries intérieurement pour que ta jambe ne te lâche pas maintenant. ca serait honteux, gênant, puis tu devrais lui expliquer le pourquoi du comment. comme tu n'en as pas tellement envie, comme t'as plutôt envie de garder tes secrets et tes faiblesses enfouies, tu pries pour qu'elle reste sage. j'aime comme l'impression que tu en as plus dans la tête que dans les jambes, aller monte sur cette planche marlow, que ton prof soit fier de toi, ne me fais pas honte, ou alors ne dis pas que je suis ton prof.

« On m’a vendu du rêve en me disant qu’en allant en médecine, j’aurai un teint halé sans soleil toute l’année sans même sortir de chez moi surtout lors de la première année. Après avoir testé cette astuce pendant une semaine, je confirme qu’on m’a malheureusement bien vendu du rêve. J’ai un besoin urgent de soleil, de gros galets et de sable fin et aucun remède miracle à part une longue attente. » Tu aimes rire de tout et surtout de toi. Tu avais passé une semaine de folie jonglant entre les cours magistraux, les travaux dirigés et les révisions. Tu n’es pas sortie à Hossegor ou à Saint-Sébastien comme tu avais l’habitude de le faire pour faire redescendre la pression et tu avais bien remarqué la différence. Il te taquine. Il monte sur sa planche comme s’il avait fait ça toute sa vie. Ça semblait si naturel quand il le faisait. Tu te repasses mentalement l’heure qu’il avait passée à t’expliquer cette technique sur le sable, l’heure qu’il avait passée à te donner des conseils et à corriger tes genoux que tu tendais systématiquement à chaque fois que tu te relevais. « Au pire si je me ramasse, je peux toujours trouver un autre prof… » Tu lui adresses un sourire avant de reprendre. « Je suis certaine que je n'aurais pas de mal à en trouver un. » Tu restais très théorique parce que tu débutes et surtout parce que tu avais envie de réussir parce que Numa a été un bon prof et parce que tu n'aimais pas l’échec. Tu as un peu hésité avant de te lancer. Tu t’allonges. Tu ramènes tes mains sous ta poitrine. Tu pousses sur tes bras et en un rien de temps, tu te retrouves debout les genoux pliés, les bras dans la bonne position et les pieds ancrés sur la planche. Ça ne paraissait pas aussi naturel lorsque tu le faisais toi, mais c’était un début, un bon début et peut-être même que cet été, tu pourrais filer sur les vagues tout en savourant le soleil. « Bon alors je dois changer de prof ou tu veux encore de moi comme élève ? »

l'autodérision, c'est cette chose dont il faut faire preuve. dont il est obligatoire si on veut avancer dans la vie, si on ne veut pas se bloquer à la moindre épreuve, au moindre changement, à la moindre remarqué, il faut de l'autodérision et la belle brune ne faisait preuve. bonne chose. lorsqu'elle te parle des profs, tu ne peux t'empêcher de sourire alors que tu montes déjà sur ta planche avec aisance, normal tu as l'habitude, bien plus qu'elle. tu dois monter sur des planches depuis que tu sais marcher alors oui, c'est toujours habituel chez toi. je suis certain que les profs s'accumuleront devant la plage pour espérer devenir le prof de la grande marlow. j'en suis certain et persuadé que si tu passes une annonce, tu vas devoir prendre le temps poure recevoir la moitié de biarritz, sois en sûre. tu la cherches, mais ce n'était pas si faux que cela au fond il y avait vraiment une chance pour que la moitié de la ville se propose pour devenir son prof de surf. qu'ils aiment le surf ou non, qu'ils savent en faire ou non. c'est ça qui est beau, avec le physique. elle finit par monter sur la planche, et ne se ramasse pas. tu souris, tu fais mine de l'applaudir. tu sais quoi ? je pense que je vais faire un effort et garder mon poste de prof. Il me semble que tu n'as pas trop perdu. tu la charries, la taquines, évidemment, puis tu laisses ta main divaguer sur l'eau. se frayer un chemin sous cette eau dansante et miroitant le soleil. puis en quelques secondes, tu lui balances de l'eau en pleine figure avant de commencer à avancer. tu nages à l'aide de tes bras alors que tu es maintenant allongé sur ta planche, ta meilleure amie. aller, suis-moi petite.

« Oh mais le tri sera vite fait je peux te l'assurer. Je ne prends pas n’importe qui comme professeur. » Tu le complimentes à demi-mot. C’est ton truc de complimenter à demi-mot. À vrai dire tu n’en menais pas large avant de monter sur la planche, mais Numa avait été un excellent prof donc tu ne pouvais pas le décevoir et tu ne voulais pas échouer. Tu avais réussi et Numa était d’accord pour rester ton prof. Tout allait donc bien. Tu ne peux t'empêcher de rire. « Tu me mets une pression monstre et en plus tu trouves le moyen de me faire attraper froid j'hallucine. » L'eau c'est clairement ton élément. Que l'eau soit à vingt degrés ou à treize tu ne peux t'empêcher de plonger, d'y rester le plus longtemps possible et jusqu'à présent t'es jamais tombé malade. Tu le vois avancer. Tu l’imites. Tu lui rends la pareille une fois à sa hauteur. Tu rames jusqu’à ce que Numa se stoppe. Il tourne sa planche tu fais de même. Tu lui souris malicieusement. Tu n’as pas su résister à lui rendre la pareille. Tu t’assois sagement sur la planche et tu en profites pour enlever le trop-plein d’eau de tes cheveux. Tu redoutais un peu la prochaine vague. T’imites aussi bien que possible la gestuelle de Numa. Il t’indique quoi faire. Tu t’es tenue debout et stable le temps que la vague passe. T’avais réussi enfin tu crois avoir réussi. Tu débutes et c’est Numa le prof. Ta première vague depuis une bonne semaine vous aviez était dans l’eau déjà, mais t’avais beaucoup chuté soit c’était entièrement de ta faute que tu n’avais pas adopté la bonne posture ou soit la vague qui s'essouffle tout simplement t’avais réussi à en réussir certaine mais t’es certaine que tu n’as jamais été aussi stable que tu l’as été il y a quelques secondes. Visiblement c’est en tombant qu’on s’améliore. Tu ne peux pas t’empêcher de sourire tant tu es contente. Tu ne peux t’empêcher de demander la confirmation à Numa. « Est-ce que j’ai réussi ? »

La première vague arrive à grand pas, elle se prépare au loin et tu la remarques immédiatement, comme si c'était dans tes gènes, comme si c'était qu'une question d'adn. tu la vois et immédiatement tu nages vers elle. les sensations s'accumulent tu ne penses plus. non, en cet instant, tu ne penses plus à ta jambe qui te fait souffrir le martyre, tu ne penses plus à tes déboires amoureux, tu ne penses plus à toutes ces choses. tout ce qu'il y a dans ta tête, c'est l'eau, la vague, ta planche et l'équilibre. tu gardes l'équilibre avec justesse et tu termines comme il faut. un parfait serait admissible. tu t'arrêtes, tu te stoppes et tu observes maintenant marlow qui tente de faire pareil. elle s'élance, tu remarques ses jambes légèrement mal positionnées, mais elle s'en sort. elle arrive à sortir de la vague à temps et ainsi de suite. quand elle vient te demander comment c'était, tu en peux t'empêcher de lui sourire parce que oui, t'es fier, t'es fier d'elle, de ce qu'elle fait, de ses progrès et du temps qu'elle prend pour apprendre, pour partager ta passion. je ne dirai pas que c'était parfait mais ... tu chipotes, tu chipotes toujours parce que tu veux que ce soit irréprochable, peut-être que t'es un peu dur des fois, mais tu n'y fais pas tellement attention. mais les bouquins, ça te réussit, j'ai l'impression que tu étais bien plus concentrée que d'habitude. continues les études, ça te cadre ma belle. il fallait bien que tu la taquines, que tu la charries, alors que ta planche avancer vers la sienne. assis dessus, tu regardes les vagues au loin.

« Arrête, tu vas finir par me faire peur t’imagines si ça me calme au bout de sept mois qu’est-ce que ça sera à la fin de l’année ? » Tu n'oses pas imaginer et tu n’avais clairement pas envie de ça. Tu savais pertinemment que la première année de médecine ce n’était clairement pas un cadeau, loin de là, mais tu arrivais encore à faire des choses et à sortir en soirée le week-end contrairement à certains et contrairement à d’autres avaient même abandonné tant il n’arrivait pas à concilier les études et leurs vies en dehors des cours. C'était loin d'être un rêve pour toi d'être enfermée pendant plusieurs heures dans un amphithéâtre. Tu avais choisi ce métier alors tu subissais un peu et tu t'accrochais. Tu regardes Numa. « Tu ne vas pas me laisser m’encrouter hein ? » Tu t’allonges sur la planche. Oh non, tu n’avais pas envie de t’encroûter, tu voulais faire de la voile pendant six mois, faire le tour du monde, faire du flyboard, plonger dans la Grande barrière de corail, flotter dans la mer morte, tu veux apprendre une autre langue, une langue n’importe laquelle même si tu n’en n’aura jamais l’utilité. Tu as essayé une fois l’allemand, mais tu as déjà oublié tout. Le Russe, oui, c’est bien le Russe. « Profite bien de mon côté studieux parce que quand le soleil pointera le bout de son nez la séance de surf se transformera en séance de bronzage d'ici là j'arriverais à surfer comme une pro. »

comme si c'était possible que la brune se calme, comme si c'était possible qu'elle devienne studieuse, tu savais parfaitement que ce n'était pas possible. une marlow calme, ça n'existait pas, depuis le temps que tu la connaissais, tu savais qu'elle était de ce genre énergique, qu'elle ne tenait pas en place. quoique tu ne l'avais jamais vu en cours, ou en pleine séance de révision, peut-être que dans ces moments, elle savait faire la part des choses. peut-être qu'elle savait se calmer pour justement gagner en concentration, ça ne t'étonnerait même pas d'elle, qu'elle sache si bien se gérer, la brune. jamais, je me débrouillerai pour cacher ton cadavre avant que ça n'arrive. parce que ça serait vraiment moche à voir, personne ne pourrait le supporter. je préfère agir avant que ça ne dérape. que tu lui réponds, évidemment que c'est une blague, de l'humour mais tu te permets avec elle, de la chercher de cette manière, de lui faire croire, ou tout du moins de lui faire penser que tu pourrais la faire disparaître. elle s'allonge sur sa planche, et tu restes assis sur la tienne et tu te permets de la regarder, de l'observer. tu l'écoutes parler, sagement. tu sais très bien que si tu passes ton temps à bronze ... et bien, tu ne deviendras jamais une pro de surf. mais, je te laisse le penser, si ça peut te faire plaisir. tu lui souris, doucement, mais tu ne sais pas si elle peut le voir, le regarder, alors tu continues. j'ai hâte ... que les beaux jours reviennent. j'ai hâte et en même temps j'ai pas envie de voir tout ce monde sur la plage. qui ne respectent rien.

« Oh merci c’est exactement ce que j’avais besoin d’entendre, je savais que je pouvais toujours compter sur toi. » Tu t’allonges. Tu sens un léger rayon de soleil te chatouiller le nez et tu fermes les yeux pour en profiter un maximum. « Justement jusqu’en juin, je m’entraine à devenir une pro enfin, tu m’entraines à devenir une pro plus précisément et quand le beau temps sera de retour, je ferai la planche sur la planche, tu vois joindre l’utile à l’agréable. » Le soleil et l’eau la combinaison gagnante. Ta combinaison gagnante à tous les coups. Tu le comprends aisément l’été emmène plus de soucis qu’autre choses. Juillet et août. La période estivale. Quand les plages sont bondées par les habitants et par les touristes. Le pire, c’est certainement les traces que certains laissent et par trace, tu veux dire déchets ou/et emballages divers et variés, pas les meilleurs traces du coup. Tu rouvres les yeux et tu t’assois sur la planche. Tu te tournes vers lui. « Je t’ai jamais demandé, mais pourquoi tu ne vas pas ailleurs pour surfer ? » Il y a plein de plages autour de Biarritz. Même si tu habitais Biarritz, tu nageais rarement ici même si la plage du Miramar est de loin ta plage préférée ici. Tu es beaucoup plus allée aux plages d’Hossegor et de Soustons. Tu les trouves plus tranquilles en pleine saison surtout celle de Soustons tu avais même ton coin secret là-bas. Tu n’es pas aussi bavarde que d’habitude. Ça t’arrive parfois quand tu réfléchis vite. Ça ne dure jamais trop longtemps donc tu parles sans pouvoir t’arrêter et sans réfléchir. De tout et de rien, de la pluie et du beau temps.

elle s'allonge sur sa planche pendant que tu restes assis sur la tienne. tu la regardes, tu la contemples, en douce, ou peut-être pas si discrètement que ça. tu pourras toujours compter sur moi   que tu réponds sur le même ton, en rigolant. puis elle t'informe qu'elle compte avoir un entrainement intensif jusqu'en juin, histoire de devenir une pro et ensuite utiliser sa planche comme un bain de soleil. elle n'est pas croyable cette brune, et c'est ce qui bien avec elle. elle ne se prend pas la tête, elle parle, elle est spontanée et n'a pas peur du ridicule, n'a pas peur de sortir des bêtises ou quoique ce soit. c'est ce que tu aimes chez elle. elle finis par s'asseoir sur la planche, et poser les yeux sur toi pendant que tu dévies les tiens à temps, avant qu'elle ne puisse voir que tu la regardais un peu trop intensément. finalement, elle te demande comment ça se fait que tu n'ailles pas surfer ailleurs, pourquoi est-ce que tu te contentes de cette place là. c'est vrai que souvent, les vagues sont meilleures du côté de Hossegor. tu tentes un sourire, tu sais pourquoi tu n'y vas pas, parce que tu n'es pas censé faire du surf normalement, parce que tu n'es pas censé être là, t'es censé être au calme pour ta jambe. c'est souvent une question pratique, ce n'est pas très loin de chez moi.  là tous les deux assis sur vos planches, en plein soleil, tu t'en veux de lui mentir, alors tu souffles un bon coup avant de lui répondre. elle sait que tu as eu un accident, qu'il y a encore quelques mois, tu étais paralysé de ta jambe et ce pendant une année entière. en réalité, c'est parce que ... parce que je ne suis pas totalement guéri. il arrive que ma jambe me lâche et dans ces cas là, je préfère me cacher chez moi alors ... je viens surfer ici, histoire d'être pas très loin de chez moi. puis Hossegor, je n'y suis pas allé depuis que j'ai eu mon accident, j'ai pas eu le courage de retourner surfer là-bas.   ouais, t'as peur. simplement.

Tu l’entends qui souffle. La suite, tu ne t’y attendais pas. Tu savais que le surf lui est essentiel, et même plus puisqu’il voulait en faire son gagne-pain. Tu savais pour son accident. Pour son accident qui l’avait bien amoché et l’a empêché d’en faire son métier. Tu ne savais pas par contre qu’il n’était pas totalement guéri, qu’il prenait le risque de surfer en étant pleinement conscient que sa jambe puisse le lâcher. Mais tu pouvais le comprendre, tu pouvais comprendre que même si ça lui est arrivé, il a persévéré. Tu n'allais pas lui faire une réflexion désobligeante. Parce que pour pour être en mesure de dénoncer les torts de quelqu'un, il faut être irréprochable et tu ne l'est pas parce que toi t'aimes trop transgresser les interdits. Oh oui, tu pouvais le comprendre parce que t’es pareille dans le fond. Lui ne voit pas sa vie sans le surf et toi, tu ne voyais pas ta vie sans pouvoir mettre tes pieds dans l’eau. Numa a trouvé ce qui le rend heureux et si c’est le surf qui le rend heureux, il a raison d’en faire. Tu voyais toujours le verre à moitié plein. Il avait eu un accident certes, mais il s’est battu, il peut surfer, marcher à nouveau et il a rebondi. Numa, il a eu des montagnes à gravir tous les jours. Il a eu des défis et des obstacles, constamment ballottés sur son chemin. Mais il a aussi eu des possibilités et un bon potentiel et aujourd’hui, il en est là, il a triomphé donc tu ne pouvais pas le regarder autrement qu’avec admiration. Non jamais tu ne pourrais le regarder avec pitié ni même lui parler avec pitié. Tu te comporteras toujours de la même manière avec lui. Rien ne changera. Tu seras toujours toi-même avec lui. Cette petite faille n’allait certainement pas changer ton regard et puis tous les héros ont leurs faiblesses. Tu ne sais pas quoi lui répondre. Mais rien ne te rends plus heureuse que de le voir sourire ou de l’entendre rire. « Ça ne change rien pour moi. » Tu te contentes de mots simples, tu n’as pas besoin d’en dire plus.

Ses mots sont simples, ils sont efficaces et te font un bien fou, parce qu'elle ne cherche pas plus loin, elle ne cherche pas à te raisonner, à savoir le pourquoi du comment. elle t'informe que rien ne change, que ça ne changera rien et qu'elle ne va pas rentrer dans cette histoire. sauf peut-être si tu lui demandes. alors tu souris, machinalement, bien content d'en parler de plus en plus. la personne qui te fait le plus peur c'est simon. parce qu'il est excessif de temps en temps, enfin, surtout avec toi. parce que tu te laisses trop facilement bernée, c'est un défaut comme un autre n'est-ce pas ? il faudra que tu lui dises pour ta jambe, surtout lui dire que c'est pas si simple, que c'est grave. mais pas tout de suite. merci.  toi aussi tu réponds simplement, et tes yeux s'échappent de la brune pour se perdre sur le soleil, sur l'eau, qui elle, est si libre, libre de faire ce qui lui plaît quand ça lui chante. tu l'envies, tellement.   tu sais quoi ? si tu veux être prête d'ici juin, tu vas devoir t'entraîner plus dur et ce n'est pas en restant assise sur ta planche que ça va fonctionner. j'dis ça, j'dis rien moi. tu lui souris, amicalement, tendrement. vous enchaînez les vagues pendant bien trente minutes, une heure avant de vous retrouver sur la plage. tu marches jusqu'à vos sacs avant de te laisser tomber dans le sable fin. machinalement. tu restes quelques secondes ainsi, à regarder le ciel.   sinon tes cours ... ça se passe bien ? tu t'en sors malgré tout ? dis moi que oui, sinon ça voudrait dire que l'été dernier a été gâché pour des cours inutiles.  

« De ? » Tu le regardes malicieusement comme si tu ne le comprenais pas. C’était si naturel pour toi. Tu n’avais pas besoin qu’il te remercie. Pas besoin qu’il te remercie d’être honnête. Il sait comment te motiver. T’aimes te dépasser. Pendant un certain temps, vous enchainiez les vagues plus ou moins bien pour toi et à la perfection pour lui et puis vous regagnez la plage. Il s'allonge. Tu fais de même, tu poses ta tête sur ton sac. Il te questionne sur tes études. « On va dire que ça se passe bien. J’avais pris deux mois d’avance en révisant l’été dernier donc forcément, j’ai plus de boulot et de révisions maintenant qu’au début de mon premier semestre. J’ai validé mon premier semestre avec 15 de moyenne donc je n’ai pas gâché mon été pour rien et puis j’ai quand même passé un super été enfin le week-end et je vais peut-être même remettre ça cet été. » Tu te stoppes pour ne pas lui donner trop d’informations d’un coup. Pour ne pas être un moulin à parole. T’avais pu sortir et souffler le week-end à Soustons des coupures de deux jours que t’attendais impatiemment toute la semaine. Tu reprends. « J’ai bien été classée à la fin du semestre du coup, j’ai pu choisir la spécialité que je voulais la médecine. » Tu n’avais pas le choix. Tu te devais d’être excellente et de valider ton semestre. Tu as bataillé pour obtenir une telle moyenne et un tel classement ce n'est pas donné à tout le monde t’en es consciente. Certains avaient une meilleure moyenne que toi, mais ils chronométraient absolument tout, ne sortaient qu’une fois par mois. Tu pouvais grappiller un ou deux points de plus, mais tu voulais vivre normalement ton classement et ta moyenne te suffisait amplement. Tu avais des facilités, t’avais jamais eu de soucis dans ton cursus scolaire t’avais obtenu ton bac avec une mention très bien, mais en première année de médecine, c’était tellement différent. Avoir une bonne moyenne, c’est le seul moyen que tu as trouvé pour prouver que tu es de bonne foi à Hakeem de pouvoir lui dire, tu crois vraiment que je peux avoir une vie en dehors de mes études en obtenant ces notes, cette moyenne et ce classement. Le seul moyen pour qu’il redevienne adorable ou au moins un peu vivable. Le seul moyen pour qu’il ne soit plus constamment sur ton dos. Tu l’aimes vraiment, mais parfois t’as juste l’impression d’avoir dix frères ainés concentrés en une seule personne : lui. Il veut faire au mieux pour toi c'est humain même s'il s'y prend un peu mal. C’était bien le seul pour qui tu agissais comme ça. Le seul. Tu jettes un coup d’œil à ton portable. T'as vraiment pas vu le temps passer. « Et toi t'arrives à jongler entre le restaurant et les cours de surf ? »

tu l'écoutes sagement, tout en fermant les yeux, tu n'entends plus que sa voix, douce et gracieuse qui chante à tes oreilles. qui te raconte ses études, le fait qu'elle y arrive, qu'elle fasse ce qu'elle veut, qu'elle choisisse ce qu'elle veut. tu l'envies, de faire des études, tu aurais pu continuer, tu aurais pu mais tu voulais surfer toi. Tu n'avais que ça en tête, même si tes parents ont fait en sorte que tu changes d'avis ... t'as été têtu, t'es resté sur tes positions alors oui. oui, tu l'envies la brune. parce qu'elle a de l'avenir elle, elle a de quoi combler son avenir pendant que toi, tu n'as rien. du moins, pendant que toi, tu n'as plus rien. je suis content pour toi alors, si tu fais ce que tu veux, si tu arrives à avoir ce que tu fais, je suis content pour toi Marlow. c'était sincère. c'était vrai. euh ouais, enfin, je suis beaucoup plus en cuisine que dans l'eau malheureusement, ou heureusement, je ne sais pas trop. je ne donne plus beaucoup de cours en tout cas. tu hausses les épaules, tu te relèves et tu regardes l'heure. tu vas devoir y aller. d'ailleurs, si je veux avoir le temps de prendre ma douche avant le service de ce soir, je ferai mieux d'y aller. ça m'a vraiment fait plaisir de te voir petite, puis ça a du te faire du bien de prendre une pause, de relâcher un peu. que tu lui dis en te levant. prêt à t'en aller.